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Unité et diversité des villes dans le monde

Introduction

Les territoires où vivent les hommes s'organisent autour des villes qui sont les lieux d'habitation, de travail, de savoir, de richesse et de pouvoir. L'espace terrestre révèle une grande variété de paysages. La moitié des habitants de la planète vit en ville. Des traits communs se découpent mais la diversité des villes est très grande. Les villes s'organisent en réseaux. Ainsi les territoires sont structurés par les zones urbaines.

1 L'organisation des villes

La ville répond à un besoin fondamental des civilisations à savoir permettre la rencontre et l'échange. Elle est le lieu à partir duquel l'Etat impose son contrôle sur le territoire.

La localisation d'une ville s'explique par deux phénomènes qui se rapportent à ceci. D'une part, la ville se trouve en une position stratégique importante ; c'est la situation. D'autre part, la ville s'installe en un lieu précis qui admet un but (défensif par exemple) ; c'est le site.

Le développement urbain s'exprime dans le plan des villes et leur organisation : deux plans s'affrontent : le plan en damier, le plus ancien, est repris par l'économie moderne pour des raisons de facilité et le plan concentrique est hérité des systèmes de fortification du Moyen Âge.

L'espace urbain est auréolaire : partant d'un centre bâti, souvent en hauteur, on passe ensuite aux quartiers résidentiels puis en banlieue, plus on s'éloigne, et plus l'habitat se disperse et devient rural. L'espace urbain est aussi dissymétrique puisqu'il s'étend principalement autour des axes de communication.

Le centre concentre les pouvoirs et les services. Les commerces ont longtemps privilégié les centres de villes comme lieux d'échanges et de rencontre. Aujourd'hui, ce sont principalement les commerces spécialisés à haute valeur ajoutée qui restent en centre ville. Les activités de tertiaire supérieur seules peuvent supporter les coûts élevés du terrain. Les habitants eux-mêmes tendant à s'éloigner des centres qui deviennent des quartiers d'affaire : c'est le phénomène de city. Les autres activités tertiaires ont été délocalisées en banlieue afin de trouver des terrains moins coûteux. Les hôpitaux, les centres commerciaux sont maintenant à l'extérieur des villes, le long des axes de circulation. Les activités culturelles, elles sont restées dans les cœurs historiques qui sont souvent réservés aux piétons.

Les activités industrielles sont dispersées en banlieue du fait des nuisances qu'elles entraînent. Elles s'installent dans des parcs industriels à proximité d'axes des circulation. Lorsqu'une industrie est abandonnée, il ne reste que des friches industrielles. C'est le cas dans les régions sinistrées par la crise (régions sidérurgiques de Lorraine, Manufacturing Belt aux Etats-Unis, Liverpool au Royaume-Uni…).

Les technopôles sont des centres tertiaires de recherche comportant des centres d'enseignement et des sièges d'entreprises qui exploitent un capital humain à haute valeur ajoutée. Elles sont aussi en banlieue.

2 La ville dans les pays développés

En Europe, la ville est chargée d'histoire. Des boulevards circulaires enserrent un centre de dimensions réduites tans l'habitat est concentré. Chaque époque de l'histoire y a laissé sa trace depuis les places médiévales au percement de larges avenues dans une optique d'hygiène et de maintien de l'ordre au XIX-ème siècle (grands travaux d'Haussmann à Paris). Les mutations actuelles tendent à augmenter le nombre des bureaux au détriment des habitations en centre ville. Le centre est reconquis par le commerce de détail tandis que les services tertiaires montent aux étages. Des opérations de rénovation continuelles permettent de conserver des quartiers beaux au centre des villes.

Les banlieues juxtaposent les quartiers résidentiels, les banlieues populaires et les industries. Certaines banlieues, surtout là où existent les grands ensembles des années soixante lorsque régnait la pénurie de logements, subissent de graves problèmes sociaux de marginalisation et de formation de ghettos. Cependant un effort est fait pour améliorer le cadre de vie.

La dissociation entre habitat et emploi provoque des migrations quotidiennes qui exigent des infrastructures importantes. La maîtrise de l'étalement des villes devient importante et les Anglais ont inventé les ceintures vertes dont ils entourent leurs villes et les villes nouvelles (autour de Londres) qui attirent la croissance vers les régions moins engorgées.

La ville nord américaine est elle une mosaïque formée sur un plan en damier. Un espace central constitue le cœur de la ville ses problèmes et son pouvoir. En effet, les Central Business Districts (CBD) où les grandes entreprises montrent leur puissance côtoient les ghettos où sont entassées les minorités ethniques. La situation y est explosive car y règne souvent une grande pauvreté. Les populations blanches ont quitté les centres. Les immeubles dégradés dus à la désindustrialisation sont habités par les plus défavorisés (Noirs, Hispaniques). Cependant un phénomène de gentrification, de reconquête par les classes aisées des centres villes, s'est effectué dans les années 1980 qui les a réhabilité (Renaissance Center à Détroit, Pittsburgh, New York…).

Les banlieues, les suburbs, s'étendent sur des distances immenses à la périphérie des villes avec un étalement à plat. La ségrégation y est très grande et les divers groupes ethniques habitent des quartiers différents. Les centres commerciaux immenses sont installés auprès des nœuds autoroutiers.

Les fonctions des villes sont multiples. Elles concentrent toutes les activités tertiaires. Elles sont les lieux de production industrielle. Elles sont les lieux de résidence. Ces différentes fonctions ne sont pas toutes réunies au même endroit, ce qui explique une division en quartiers et zones.

3 La ville dans les pays en développement

L'explosion urbaine entraînée par l'accroissement naturel et l'exode rural provoque des problèmes aigus de logement des plus pauvres. Des lotissements précaires sont installés en périphérie des centre. Ils n'ont souvent pas accès à l'eau ou à l'électricité. Ce sont des immenses bidonvilles qui sont illégalement créés (Mexico, Abidjan…). Ces quartiers s'opposent aux quartiers riches qui occupent des espaces agréables et font preuve d'une opulence insolente (Paseo de la Reforma à Mexico, Le Plateau à Abidjan…). Les grandes sociétés nationales ou étrangères hérissent les centres de gratte-ciel qui font l'orgueil des pays pauvres mais qui cachent difficilement leurs contrastes.

Les problèmes d'hygiène et de santé (épidémies de cholera en Inde, SIDA en Afrique centrale…) se posent alors dans les bidonvilles qui n'ont pas accès à l'eau ou à l'électricité. Le ramassage des ordures est rarement fait et les transports posent des problèmes redoutables de congestion (" Go Slow " de Lagos) de par l'insuffisance des infrastructures.

En Afrique, les couches aisées et les autorités résident dans les anciens quartiers blancs de villes coloniales (Nairobi, Dakar…). La périphérie est constituée des bidonvilles et des villages alentours. La croissance urbaine a entraîné la multiplication anarchique des lotissements. Le dualisme d'antan blanc-noir subsiste en un dualisme riche-pauvre.

En Amérique latine, le plan en damier entourant une place centrale est hérité des Espagnols et Portugais (Mexico, Buenos Aires, Rio de Janeiro) ainsi que les édifices qui sont au centre. La dégradation des zones périphérique est importante tandis qu'une rénovation a permis de dégager des centres d'affaire. La périphérie oppose l'espace occupé par les propriétaires aisés et par les bidonvilles pauvres (les favelas).

Dans le monde arabo-musulman, la ville était une place fortifiée dont le centre était constitué par mosquée et école coranique. Les rues sont étroites et sinueuses et la taudification importante du fait du surpeuplement (Le Caire, Amman, Damas…). Le tourisme a contraint à la mise en valeur du patrimoine tandis que les couches aisées ont quitté la vieille ville pour les quartiers résidentiels de l'époque coloniale. Les centres d'affaire sont excentrés eux aussi dans de nouveaux quartiers. À l'extérieur, les nouveaux arrivants trouvent place dans des abris de fortune (Cité des Morts au Caire, Chiffonvilles de Nouakchott…).

4 Les hiérarchies entre les villes

Des réseaux sont formés par l'organisation des villes qui polarisent l'espace proche. Entre elles, les villes s'influencent et peuvent appartenir au bassin d'emploi d'une ville voisine. Les espaces contrôlés mesurent la puissance des villes.

On peut distinguer plusieurs rangs de puissance et de rayonnement des villes :

  • Les villages exercent leur domination sur les campagnes.
  • Les petites villes regroupent les services élémentaires et satisfont aux besoins courants des habitants.
  • Les villes moyennes (quelques centaines de milliers d'habitants) sont dotées de fonctions variées mais sans pouvoir décisionnel important (Nantes, Brest, Rouen, Nancy, Montpellier…).
  • Les métropoles nationales sont des villes millionnaires qui exercent des pouvoirs politique et économique sur un pays entier (Francfort, Barcelone, Milan, Birmingham, Atlanta, Dallas…).
  • Enfin existent quelques métropoles internationales mondiales qui sont concentrées dans les pays riches et qui rayonnent sur la planète (New York, Chicago, Paris, Londres, Tokyo, Singapour, Hong Kong…).

Les réseaux s'organisent en fonction des liaisons entre les villes. C'est dans les pays les plus développés que les réseaux fonctionnent le mieux ; ils sont souvent dominés par une métropole régionale relayée par des pôles urbains de seconde importance. La complexité des réseaux dépend du nombre et de la taille des pôles :

  • Les réseaux macrocéphaliques dans lesquels la métropole écrase le réseau par son poids (à l'échelle nationale, Paris, Buenos Aires, Bangkok, Le Caire, Karachi ; à l'échelle régionale, c'est le cas de Toulouse pour Midi-Pyrénées).
  • Les réseaux à plusieurs pôles (polynucléaires) sont mieux équilibrés (à l'échelle nationale, l'exemple est l'Allemagne ; pour la région Rhône-Alpes, Lyon est relayée par Grenoble et St Etienne puis par les préfectures Annecy, Chambéry, Bourg-en-Bresse et Valence).
  • Les régions avec réseau non hiérarchisé : c'est le cas de Poitou-Charentes où la capitale, Poitiers, ne domine pas réellement les trois autres préfectures La Rochelle, Angoulême et Niort qui ont chacune leur spécialité propre.

Exemples de pays à centre macrocéphale :

  • Egypte : Le Caire
  • Nigéria : Lagos
  • Côte d'Ivoire : Abidjan (ce n'est pas la capitale)
  • Venezuela : Caracas
  • Pérou : Lima
  • Thaïlande : Bangkok
  • Pakistan : Karachi (ce n'est pas la capitale)

Exemples de pays à réseau urbain équilibré :

  • Allemagne
  • Italie (mais tendance à la concentration dans le Sud)
  • Inde le tiers Est de la Chine

Exemples de pays à plusieurs centres mais peu équilibrés dans l'ensemble :

  • Brésil (Rio, Sao Paulo, Recife, Manaus…)
  • Australie (Melbourne, Sydney, Adélaïde, Perth…)
  • Espagne (Madrid, Barcelone)
  • Indonésie (tout est sur l'île de Java)
  • Japon (tout est au Sud-Est)

Cas de la France :

Paris est sept fois plus importante que Lyon, la deuxième ville. Cependant, grâce aux moyens de transports rapides (TGV), Paris ne concentre plus toute l'économie française et des villes comme Lyon, Marseille (et son port), Toulouse (et l'industrie aérospatiale)… peuvent se développer et croître.

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