Population et développement en République Populaire de Chine
Introduction
- Capitale : Pékin
- Superficie : 9 596 961 Km2
- Population : 1 254 100 000 habitants
- Taux de fécondité : 1, 8 enfants par femme
- Densité : 127 hab/km2
- Population urbaine à 30, 3%
- Régime et caractéristiques : Démocratie populaire, Parti unique, Présidentiel
- Découpage : 24 provinces, 5 régions autonomes
- PNB : 939 milliards de dollars
- PNB par habitant : $760
La Chine compte un cinquième de la population mondiale : devenue République Populaire en 1949, elle
comptait déjà 538 millions d'habitants en 1953. Elle en compte aujourd'hui 1, 254 milliard. Ce potentiel
démographique gigantesque constitue en même temps un problème épineux pour les responsables du développement
du pays.
1 Une population nombreuse, mais une croissance démographique maîtrisée
1.1 Une population nombreuse
Depuis 1982, la Chine a franchi le cap du milliard d'habitants. Le plus grand recensement de l'histoire
faisait alors état de 1 008 175 288 personnes. La Chine constitue aujourd'hui la première puissance
démographique du monde avec plus de 1, 2 milliards de Chinois, loin devant l'Union Indienne qui dénombre
un quart d'habitants en moins.
Cette population est relativement homogène car bien qu'il n'y ait pas de "race" chinoise, le groupe "Han"
représente plus de 90% des habitants. Ces "fils de la terre jaune" ont fondé l'empire et donné à la civilisation
chinoise ses caractères les plus marquants : forte emprise du confucianisme, culte des ancêtres, importance de la
famille et du clan, rôle central de l'Etat, omniprésence de l'administration représentée par une puissante classe
de fonctionnaires qui ont toujours joué un rôle important dans les affaires chinoises.
Toutefois, près de 60 minorités nationales regroupent plus de 60 millions d'habitants répartis sur plus de
la moitié du territoire. Ce sont essentiellement dans le Sud-Ouest les Tchouangs, les Yis et les Miaos. A la
périphérie du pays se recensent les Tibétains, les Houris et les Ouïgours du Sin Kiang, puis les Mongols, les
Mandchous… Ces minorités jouissent de certains droits : maintien de la langue, représentation dans les
administrations locales et provinciales, tolérance religieuse.
Il existe cinq religions principales en Chine : le bouddhisme, largement majoritaire, le lamaïsme,
forme du bouddhisme en Mongolie et au Tibet, l'Islam, le Taoïsme et le christianisme très minoritaire.
1.2 Une croissance démographique maîtrisée
La population chinoise a toujours été nombreuse mais régulée par les conflits, les périodes de
trouble, les catastrophes naturelles suivies de périodes de stabilité où la croissance de la population
reprenait. Or, le XXème siècle a vu la mortalité naturelle se réduire considérablement alors que la
natalité restait à un niveau très élevé.
La population chinoise a cependant connu un accroissement moins rapide que le Brésil puisqu'elle n'a
que doublé depuis 1949. La Chine a désormais mis fin à un certain nombre de fléaux comme la guerre, la
famine, les maladies épidémiques qui suivent la famine…, mais il reste encore les catastrophes naturelles
même si des actions comme l'endiguement du Huang He (fleuve jaune) ont permis de limiter de telles
catastrophes.
Les autorités politiques sont en grande partie responsables de l'accroissement considérable de la
population, plus préoccupées qu'elles étaient d'orientations idéologiques que de pragmatisme. Ainsi,
le slogan de Mao "Une bouche, deux bras", "pays riche, pays plein" sont loin des politiques de limitation
de naissances même si une timide tentative est mise en place en 1957, date de la première campagne de
prévention des naissances annihilée très vite en 1958 par le "Grand Bond en avant" qui au contraire
encourageait les familles nombreuses. Cependant, dans ce cas précis, la croissance démographique est
pratiquement annulée par l'échec du "Grand Bond" : 62 millions de naissances pour 40 à 60 millions de
morts.
C'est seulement à partir de 1971 que les autorités cherchent vraiment à limiter la croissance démographique,
alors que le pays vient de connaître une période de fort accroissement démographique dans les dix années qui
précèdent, lié à la reprise de la natalité alors que la mortalité baisse. Ce nouveau programme de réduction
de la fécondité encourageant les familles à n'avoir que deux enfants fait baisser le taux de natalité au
dessous de 20 pour mille, la mortalité se stabilisant autour de 6 ou 7 pour mille.
Une nouvelle étape est franchie en 1979 avec la campagne de l'enfant unique, des mesures visant à reculer
l'âge du mariage (23 ans pour les femmes, 25 pour les hommes), le contrôle de la natalité par contraception,
avortement et stérilisation volontaire, des amendes pour les contrevenants, la suppression de différents
avantages sociaux… Cette politique a surtout été efficace dans les villes où le contrôle est plus facile.
Mais elle a aussi des effets pervers comme la non-déclaration des enfants, l'infanticide des petites filles…
qui ont entraîné un assouplissement de la politique, en particulier pour les minorités nationales (par exemple,
autorisation d'avoir un second enfant si le premier est une fille).
La transition démographique a donc été accélérée par les autorités chinoises, le taux de natalité étant
passé de 33 pour mille en 1970 à 17 pour mille aujourd'hui alors que le taux de fécondité est passé en
dessous du seuil de renouvellement des générations (il est désormais de 1, 8 enfants par femme). Cette
politique a sans doute permis d'éviter 200 millions de naissances.
2 une population inégalement répartie sur le territoire
La densité moyenne de la population chinoise est très peu significative : en effet, il existe un
contraste extrême entre les fourmilières humaines de la Chine orientale et la Chine désertique de
l'Ouest (à l'ouest du 100ème méridien et au Nord).
2.1 Réopartition spatiale de la population
Dans la Chine occidentale donc, les densités sont inférieures à 10 habitants par Km2 sur la plus
grande partie de l'espace : sur 60% de l'espace chinois ne résident que 6% de la population ! Seuls de
rares sites privilégiés portent de fortes densités : oasis de Dzoungarie et du Tarim, vallées de piémont
qui ceinturent le Takla Makan, bassins et vallées de l'Himalaya.
En revanche, plus de 90% des Chinois se rassemblent sur 40% de la surface du pays, en Chine orientale,
en particulier dans la grande plaine du Nord. Ces basses terres intensément cultivées portent des densités
moyennes records qui dépassent parfois les 1000 habitants au Km2 (à titre de repère, la densité moyenne
française est de 107 habitants au Km2). Les grandes plaines comme celle de la Chine du Nord ou le couloir
mandchou, les vallées alluviales du Huang Hé, du Changjiang et du Xijiang, les bassins comme le Sichuan,
les littoraux et les deltas forment donc de véritables fourmilières humaines.
2.2 Une population encore faiblement urbanisée
Une autre déséquilibre majeur est dans l'opposition entre la population urbaine et la population rurale.
En effet, la population chinoise se répartit très inégalement entre les villes et les campagnes. Aujourd'hui
encore, moins d'un tiers de la population chinoise vit dans les villes (30, 3% de la population).
La majorité des Chinois sont donc des ruraux. Cependant, il faut un peu nuancer ce propos car la population
rurale vit dans de grands villages. Pour des problèmes de sécurité, pour des raisons d'ordre social (organisation
sociale autour de la cellule familiale), pour des raisons d'espace et des raisons économiques (les habitations
constituent un espace perdu pour l'agriculture), il n'existe pas d'habitat dispersé. Ce phénomène a d'ailleurs
été renforcé pendant la période des Communes Populaires.
A côté de cette forte population rurale, 350 millions de Chinois vivent dans les villes. Les gouvernements
ont eu tendance à limiter l'exode rural dès les années 1960. En effet, celui-ci posait des problèmes importants
en matière d'emploi, de ravitaillement et d'aménagement. L'urbanisation sauvage n'a donc pas eu en Chine les
conséquences aujourd'hui constatées dans bon nombre de pays en développement. La surveillance des mouvements
de population s'est exercée par le biais de passeports intérieurs, de registres d'inscription et de tickets
de ravitaillement.
La population urbaine n'en a pas moins cessé d'augmenter à un rythme supérieur à celui du reste de
la population, surtout à travers la croissance des villes intermédiaires ou des petites villes, tandis
que celle des très grandes villes avait été stoppée de manière efficace. Le relâchement des contrôles
depuis 1977 semble avoir relancé l'urbanisation. Or, le rythme des créations d'emploi dans les villes
est loin d'être en mesure d'absorber ce surplus de main d'œuvre.
2.3 Les migrations internes
Longtemps, la population chinoise a été peu mobile et les migrations ont été fortement contrôlées pendant
la période maoïste. La mobilité a touché environ 30 millions de Chinois entre 1949 et 1980, soit un peu moins
de 5% de la population : les migrations souvent organisées et forcées étaient dirigées vers les provinces de
l'Ouest et du Nord-Est.
Cependant, les réformes économiques récentes ont permis d'accélérer la mobilité de la population
chinoise. L'apparition de zones à économie dynamique crée un pôle d'attraction assez important vers
les provinces littorales, surtout celles de l'Est et également vers les grandes villes, d'autant plus
que le contrôle des migrations s'est assoupli.
Le phénomène le plus spectaculaire est sans doute celui des migrations temporaires ou saisonnières
qui ont connu un essor sans précédent ces dernières années et concernent semble-t-il près de 100 millions
de Chinois. Ces migrations internes ont permis une véritable résurrection urbaine dans les années 1980
avec un taux d'augmentation de la population urbaine nettement plus élevé que celui des campagnes. Un très
fort exode rural caractérise désormais la Chine actuelle, ce qui a tendance à aggraver les déséquilibres
régionaux et à accentuer les problèmes urbains.
3 Le gigantisme démographique : frein au développement ?
Quelles sont les conséquences de ce gigantisme démographique sur le développement économique de la Chine ?
3.1 Les avancées réalisées
La transition démographique est bel et bien engagée en Chine et la population devrait bientôt stagner
voire régresser. La Chine semble sur la voie du développement, son niveau de développement s'accroît
notamment grâce au rôle moteur de villes comme Pékin ou Shanghai et récemment la rétrocession de Hong
Kong par le Royaume-Uni en 1997 et de Macao par le Portugal en 1999. Si la Chine accuse encore un retard
conséquent en termes de richesses produites par rapport à l'ensemble des pays développés (le revenu par
habitant représente la moitié de la moyenne mondiale), elle a pourtant connu au cours des dernières années
une croissance particulièrement remarquable de son PIB. Les richesses augmentent désormais beaucoup plus
vite que le nombre d'habitants, alors que bon nombre de pays en développement ont des difficultés à
accroître leurs richesses plus vite que leur population. La Chine Populaire occupe une place supérieure
à la moyenne des pays en développement.
Les efforts entrepris en Chine pour améliorer la formation et la scolarisation, dans le cadre de la
troisième des "quatre modernisations" placent le pays dans une situation honorable. La démocratisation
et la simplification de l'écriture depuis 1949 ont permis de réduire l'analphabétisme de façon
considérable : de 90% d'analphabètes en 1949, le pays est passé à moins de 20% aujourd'hui (à titre
de comparaison, le taux d'alphabétisation en Inde n'est que de 52%).
3.2 Les problèmes posés par ce gigantisme démographique
Cependant, les problèmes liées à la croissance démographique excessive n'ont pas pour autant disparu.
Une pauvreté encore très développée
Malgré des améliorations certaines, la pauvreté reste très importante. Près de 30% de la population
chinoise vit avec un revenu de moins d'un dollar par jour. Cependant, le nombre de Chinois qui
connaissent la pauvreté absolue a beaucoup diminué même si les inégalités sociales s'accroissent.
Elles restent flagrantes entre le littoral et l'intérieur de la Chine. De même, les écarts sociaux
sont très importants entre paysans et nouveaux riches et une grande partie de la population reste
très peu concernée par le développement alors qu'une minorité en tire les bénéfices. De plus, les
classes moyennes qui témoignent souvent du niveau de développement d'un pays restent sous-représentées.
Une paysannerie trop nombreuse
Les paysans restent trop nombreux pour une agriculture moderne, les micro-exploitations entravent son
développement. Les infrastructures urbaines n'étant pas encore prêtes à accueillir une population aussi
nombreuse, il ne faut pas pour autant que cette population quitte les campagnes sous peine d'une explosion
des bidonvilles caractéristique de nombreux pays en voie de développement et que la Chine a su jusqu'à
présent éviter. Il faudra donc pour reconvertir cette main d'œuvre agricole développer des emplois ruraux
non agricoles. 22 millions d'entreprises de villages représentent entre 1990 et 1995 un tiers du PIB et
occupent 132 millions de ruraux.
Problème de chômage et de sureffectifs
Le problème des sureffectifs se pose également dans les industries d'Etat. Grèves, manifestations,
chômage, accompagnent le passage à l' "économie socialiste de marché" amorcé en 1979 par Deng Xiao
Ping.
3.3 Les défis futurs
La Chine doit encore relever de nombreux défis : offrir des emplois aux habitants déjà en surnombre
dans les campagnes, développer son industrie et ses services sans pour autant surcharger les villes et
conduire à la ghettoïsation, mieux nourrir une population croissante, ne pas gaspiller ses ressources.
Surtout, elle doit résoudre le problème de l'accroissement des contrastes régionaux. En effet, l'opposition
entre la zone côtière et l'intérieur, loin de 'estomper s'accentue nettement. Cela répond aux choix de la
Chine en 1968, dans sa stratégie de développement du territoire, les provinces maritimes accueillent les
territoires de l'ouverture, la zone centrale fournit richesses énergétiques et minières, la zone occidentale
compte sur ses propres forces.
Conclusion
Contrairement à l'Inde qui a choisi de donner la priorité au développement économique, en escomptant
que la maîtrise de la démographie devait suivre, la Chine a donné la priorité au contrôle de la population,
comme condition préalable au développement économique. L'avance économique dont elle dispose désormais sur
le deuxième géant démographique mondial semble lui donner raison. Cependant, il ne faut pas oublier les
conditions politiques très différentes dans lesquelles se font ces transitions économiques et démographiques.
De plus, la répartition très inégale des activités sur le territoire chinois et le développement très
déséquilibré de l'espace chinois représentent une faiblesse très importante dont ne souffre pas dans
les mêmes mesures son homologue indien. La Chine s'affirme, certes, comme une grande puissance montante
de l'Asie Pacifique, mais les régions côtières n'arrivent pas à entraîner la Chine de l'intérieur, zone
de départs massifs vers l'Est. Cela n'est pas sans engendrer tensions sociales et politiques.
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