Les Etats-Unis, puissance agricole
Introduction
- Capitale : Washington
- Superficie : 9 363 123 Km2
- Population : 272 000 000 habitants
- Fécondité : 2 enfants par femme
- Densité : 28 hab/Km2
- Population urbaine à 75%
- Régime et caractéristiques : République, Etat fédéral, pluralité des partis, régime présidentiel
- Découpage : 50 Etats, un district
- PNB : 8201 milliards de dollars
- PNB par habitant : $30 430
Bien qu'elle ne contribue que pour 2% au Produit National Brut et n'emploie que 3% de la
population active, l'agriculture américaine s'est révélée capable de relever un double défi :
satisfaire les énormes besoins intérieurs et alimenter un courant d'exportations considérables.
Quels sont les supports de cette réussite ? Quelle est la rançon de ce succès ?
1 Tableau de l'agriculture américaine
1.1 Le grenier du monde
L'agriculture américaine domine le monde par le volume et la diversité de ses productions. Elle est en
tête pour de nombreux céréales :2ème rang pour le blé, 1er pour le maïs, le soja; elle arrive dans les
premières places pour le reste des produits agricoles : 1er pour les oranges, 2ème pour les porcins, le
coton, le tabac et 3ème pour les bovins.
1.2 Produire pour un marché à haut niveau de vie
Le marché intérieur américain représente des débouchés potentiels considérables pour l'agriculture
américaine : plus de 270 millions consommateurs potentiels disposant d'un pouvoir d'achat élevé. On
consomme deux à trois fois plus de viande aux Etats-Unis qu'en Europe. C'est pourquoi l'agriculture
est largement orientée vers les productions végétales destinées à l'alimentation des animaux. Le haut
niveau de vie explique également le développement de cultures délicates comme celles qui sont pratiquées
dans les régions subtropicales (Hawaï, Californie, Floride…)
1.3 L'évolution de la géographie agricole
Jusqu'au milieu du XXème siècle, conditions naturelles et histoire du peuplement rural s'étaient
traduites par une spécialisation des régions sur un certain type de productions. Ces régions
spécialisées, connues sous le nom de "belts", portaient chacune un nom attaché au type de culture
qu'on y pratiquait : la Cotton Belt dans le Sud Est, la Corn Belt dans la région des Grands Lacs et
la Wheat Belt dans les Grandes Plaines.
Aujourd'hui, ces belts se sont diversifiées même si la culture principale reste la culture d'origine.
Seule la Cotton Belt a vraiment disparu et a fait place à la polyculture ou à la forêt sur les sols
épuisés. Deux tiers de la production cotonnière viennent désormais des champs irrigués de l'Ouest
(Texas et Californie). D'ailleurs, c'est l'irrigation qui constitue le fait dominant de l'évolution
régionale : la diffusion de l'irrigation dans l'Ouest a en effet permis le développement d'une
agriculture intensive qui place des Etats comme la Californie ou le Texas aux tout premiers rangs
des régions agricoles américaines. Les possibilités technologiques permettent donc de plus en plus
de s'affranchir des contraintes naturelles qui avaient en grande partie conditionné la formation des
belts qui s'effacent peu à peu.
1.4 Une agriculture socialement et économiquement contrastée
L'agriculture américaine n'est cependant pas un modèle dans tous ses aspects :
l'agriculture est en effet la branche d'activité où la distribution des revenus est
la plus inégale. Si les farmers vivent dans des fermes modèles, le revenu moyen
agricole moyen n'atteint pas les deux tiers du revenu citadin et celui de l'agriculteur
noir du Sud n'en représente pas un tiers.
L'agriculture américaine est donc une agriculture dualiste ou à deux vitesses : d'un côté,
des exploitations performantes gérées par des farmers (qui vivent souvent en ville) comme des
entreprises industrielles ; de l'autre, des petites exploitations sans grande envergure
économique, victimes désignées des crises cycliques et dont les exploitants vivent aux
limites du seuil de pauvreté.
2 Les facteurs clés de succès de l'agriculture américaine
Pour parvenir à de tels résultats, l'agriculture américaine dispose d'atouts considérables.
2.1 Des conditions climatiques favorables
Le premier atout de l'agriculture américaine repose d'abord dans l'immensité de son territoire,
l'étagement des latitudes et sa diversité climatique. Sur les 7, 8 millions de Km2 (si l'on exclut
l'Alaska), les unités de relief et les divers climats se combinent pour former de nombreuses régions
naturelles, chacune offrant des aptitudes agricoles particulières.
2.2 une agriculture à haut niveau technologique
L'agriculture américaine est d'abord une agriculture qui a un très haut niveau technologique du
fait de la sophistication du matériel employé. L'utilisation très précoce de la mécanisation et de
la motorisation n'a fait que s'amplifier depuis ses origines. Ainsi, le parc américain s'élève à
environ 5 millions de tracteurs. La consommation d'engrais a plus que doublé en vingt ans, et plus
encore celle des produits de protection des cultures (fongicides, herbicides, insecticides). La
recherche agronomique est très développée notamment grâce aux subventions des pouvoirs publics et
permet de mettre sur le marché de nouvelles variétés toujours plus productives.
Les exploitations sont d'une taille imposante en comparaison de la moyenne européenne : 200 hectares,
soit plus de 10 fois la moyenne européenne. Cette agriculture emploie grâce à sa très haute productivité
peu de bras.
2.3 La force de l'agribusiness
La production agricole n'est que le centre de l'immense complexe agro-industriel américain.
L'agribusiness désigne l'intégration de l'agriculture aux industries (engrais, matériels agricoles…)
et services (banques…) nécessaires à l'amont, mais aussi aux industries (conditionnement, stockage…)
et services (transports…) sollicités à l'aval.
Les sociétés industrielles possèdent souvent de larges domaines et contrôlent toute la production
agricole ; elles produisent les aliments pour le bétail, possèdent la terre et les abattoirs, les
chaînes de distribution de la viande et gèrent d'énormes "feed-lots", véritables usines où sont
engraissés les bovins.
3 Une agriculture dépendante…
3.1 …de ses sources de financement
La surenchère constante des progrès techniques et leur caractère impératif pour rester dans la
course de la productivité alourdit les dettes des agriculteurs et les bénéfices agricoles s'amenuisent
depuis 1973. Les charges financières des exploitations, liées à leur endettement sont donc en forte
croissante depuis le début des années 70.
De plus, tous les farmers connaissent la rançon de l'abondance : la surproduction et l'effondrement
des cours surviennent périodiquement. La gêne des farmers met qui plus est en difficulté certains pans
de l'agribusiness qui doivent se restructurer. Ainsi, la crise agricole du début des années 1980 témoigne
de la source de fragilité qu'est le haut niveau d'endettement des agriculteurs américains. En effet, cette
crise a été causée par l'endettement massif qu'ont contracté les agriculteurs américains pour acheter de
nouvelles terres, stimulés par la très forte hausse des exportations dans les années 70. Or, les exportations
ont chuté au début des années 80, acculant des milliers d'exploitants incapables de faire face à leurs
échéances, à la faillite. Ils ont souvent entraîné dans leur chute des petites banques locales et même
menacé le puissant système fédéral de crédit agricole (Farm Credit System).
3.2 …de la conjoncture politique intérieure
Cette gêne financière oblige également l'Etat à intervenir pour enrayer la dérive de certains
agriculteurs. L'Etat est en effet amené à intervenir pour soutenir les cours car il y a souvent
surproduction, avec accumulation des stocks difficiles à écouler. Une partie de cet excédent est
cédée aux pays du Tiers Monde ou vendue dans les pays industrialisés. De plus, les Etats-Unis se
servent de l'"arme verte" pour appuyer leur politique mondialiste (embargo de certains produits
alimentaires par exemple).
Cependant, l'Etat choisit lui-même quand il souhaite intervenir, c'est pourquoi les agriculteurs
sont largement dépendants de son bon vouloir. Ainsi, lors de la crise du début des années 80 évoquée
plus haut, l'administration Reagan, soucieuse de ne pas trop alourdir un déficit budgétaire déjà
énorme, a largement laissé faire (le revenu agricole global américain est passé de 37 milliards de
dollars en 1981 à 13 en 1983 !), même si elle a tout de même accepté de maintenir à un niveau élevé
les subventions fédérales à la production et de dégager d'importants crédits destinés à subventionner
les exportations agricoles.
L'Etat intervient également au niveau de la diffusion du savoir agronomique : outre les cours
dispensés dans les Agricultural Colleges, l'agriculteur américain dispose de l'aide de l'Agricultural
Research Service au niveau fédéral et de celle des State Agricultural Experiment Stations au niveau
de son Etat. Des conseillers en agronomie, fonctionnaires fédéraux, sont à la disposition de tout
agriculteur.
3.3 …des circuits de transformation et de distribution
Si l'agribusiness représente une des grandes forces de l'agriculture américaine, il en constitue
également une des faiblesses. Les liens financiers et juridiques deviennent de plus en plus étroits
entre agriculteurs, commerçants et industriels et cela constitue un potentiel de concentration non
négligeable qui met en danger l'indépendance des fermiers américains. Des groupes américains aux
allures de géants comme Monsanto (à l'origine spécialisé dans la protection des cultures mais qui
s'est diversifié sur toute la chaîne agricole, de la production à la distribution) font peser des
menaces sérieuses d'une concentration à outrance du secteur.
3.4 …de ses possibilités d'exportation
Naturellement, la consommation nationale, malgré son ampleur ne suffit pas à absorber une telle
abondance. Premier exportateur mondial, notamment de céréales, l'agriculture américaine contribue
largement à limiter le déficit commercial du pays. L'exportation est devenue une nécessité vitale
pour l'agriculture américaine si elle veut éviter la surproduction et la chute des prix qui en
découle. Alors que dans les années 1960, les exportations ne représentaient jamais plus de 15% de
la production agricole, ce pourcentage n'a fait qu'augmenter dans les années 1970 pour atteindre
le pic de 29% en 1979. Ce ratio se maintient aujourd'hui autour de 20%. Les Etats-Unis mènent donc
de véritables batailles commerciales en particulier avec l'Union Européenne. Cependant, ces batailles
commerciales se font de plus en plus acharnées. Les problèmes d'exportation des produits agricoles
américains se sont trouvés aggravés par l'extension territoriale progressive du marché commun
européen.
Suivez-nous sur