Les espaces urbains
Introduction
Le taux d'urbanisation de la France est de 75%. Cela symbolise les sociétés modernes.
Les villes jouent un grand rôle dans l'organisation du territoire.
1 Les espaces urbains
1.1 L'urbanisation de la France
L'évolution de l'urbanisation
Ce phénomène a eu lieu plus tard en France que dans les autres pays européens. Ce n'est qu'en 1931
que la population urbaine devient plus importante que la population rurale. L'accélération du processus
a lieu après la Seconde Guerre Mondiale, de 1954 à 1975, et ne se fait pas de manière homogène. Ce sont
les grandes villes (100 000 à 1 million d'habitants) qui se développent rapidement de 1954 à 1962. Dans
les années 1960 apparaissent les grandes métropoles d'équilibres voulues pour rééquilibrer le territoire
français face au poids écrasant de Paris. De 1968 à 1975, les villes plus petites connaissent à leur
tour une forte croissance alors que la croissance des grandes agglomérations se fait par les banlieues.
En 1982, le processus alimenté par l'exode rural connaît un ralentissement et même un déclin. Si la
croissance des communes rurales est alors plus importante, cela ne traduit pas un retour à la campagne
mais un mouvement de périurbanisation. Les gens s'installent dans les zones rurales proches des villes
et cela peut être assimilé au développement spatial des villes. Depuis 1990, les grandes villes attirent
de nouveau. Néanmoins cela est inégal selon les villes et les régions : si Paris et son agglomération
augmente encore, Marseille perd des habitants.
L'urbanisation aujourd'hui : 75% des Français habitent dans des villes et 50% dans des villes de
plus de 200 000 habitants. La France est composée de 36 000 communes mais seulement 5 300 sont des
communes urbaines. Les communes urbaines sont regroupées dans de grandes agglomérations. Il est de
plus en plus difficile de faire une distinction nette entre commune urbaine et commune rurale avec
le phénomène de périurbanisation. Les habitants des zones rurales sont des gens qui travaillent
souvent en ville et choisissent d'habiter à la campagne pour bénéficier d'un cadre de vie qu'ils
jugent plus agréable. Les agriculteurs sont donc largement minoritaires dans les zones rurales.
Des regroupements de communes ont été tentées et on parle maintenant de ZPIU et de ZAU.
- ZPIU : Zone de peuplement industriel et urbain qui agrège aux agglomérations,
les communes rurales touchées par les migrations pendulaires (migrations quotidiennes
domicile-travail).
- ZAU : Zonage en aire urbaine qui distingue les espaces à dominante
urbaine et à dominante rurale.
- Périurbanisation : processus d'avancée de la ville sur sa frange, au delà de la
banlieue, dans laquelle ville et campagne s'interpénètrent.
Une urbanisation hiérarchisée
La France est un pays peu urbanisé par rapport à ses voisins avec un manque de grandes villes. Paris
est la ville qui se distingue avec 9 millions d'habitants dans son agglomération. Ensuite viennent Lyon
et Marseille et Lille dans les 1 million d'habitants. L'écart est donc de 1 à 7. La France est plus un
pays de petites villes de province autour desquelles l'espace rural s'organise.
1.2 L'organisation du territoire et des activités autour des villes
L'organisation du territoire
Les villes se différencient par leur taille, les fonctions administratives et les activités
économiques qu'elles regroupent. Une hiérarchie des villes peut être établie. Il y a les centres
locaux, les préfectures, tout un ensemble de petites villes, puis les grandes métropoles régionales
loin de Paris, qui a une très vaste zone d'influence. Plus la ville est grande et isolée, plus sa
zone d'influence est large et plus une ville offre des services, plus elle en attire d'autres. Cela
peut être comparé à l'effet boule de neige, et est désigné par le terme de métropolisation. A la
distinction des villes selon la concentration des services qu'elles offrent (administration,
enseignement, santé, banques…), se superposent des liens horizontaux entre les villes dûs aux
échanges économiques. Des systèmes urbains régionaux voient ainsi le jour : le Bassin parisien ;
le Sud-Ouest bipolaire avec Bordeaux et Toulouse ; le Nord-Pas-de-Calais autour de la grande
métropole de Lille et le Rhône-Alpes autour de Lyon…
L'organisation des activités
Les grandes villes françaises sont plus des villes de services que de villes industrielles. Le Nord-Est
reste marqué par les villes industrielles où les services sont faibles. Certains villes de province sont
encore des villes industrielles mais où les services ont pris une place importante. C'est le cas de villes
comme Toulouse, Brest ou Toulon, villes d'industrie d'armement, de la construction navale ou aéronautique.
Les villes du Sud sont spécialisées dans le tourisme et offrent de nombreux emplois dans l'hôtellerie, la
restauration et le commerce. Les grandes villes régionales sont des villes administratives et de services
aux particuliers. Paris regroupe toutes les activités : industrie, administration, services aux particuliers
et aux entreprises… La distinction entre ville industrielle et ville tertiaire est à nuancer car la frontière
entre l'industrie et le tertiaire est de plus en plus confuse.
1.3 La structure des villes
L'habitat
La ville est le cadre de vie quotidien de 80% des Français qui sont donc attentifs à l'environnement
qui les entoure. Alors que le cadre de vie de la population urbaine dépasse largement les limites du
quartier, celui-ci est très important et influence le mode vie. Les manifestations organisées dans les
quartiers sont nombreuses et montrent un attachement de la population à cette sphère de vie sociale :
carnaval, vide-grenier, bibliothèques… Le centre-ville correspond souvent à la partie la plus ancienne ;
il attire peu les familles. Les périphéries sont diverses : anciens quartiers ouvriers, HLM ou banlieues
chics et pavillonnaires.
La répartition des activités
Les services aux particuliers se concentrent dans les centres-villes. Il existe ainsi des quartiers
d'affaire (la City à Londres). Ce sont des zones marquées par le départ de la population et la disparition
du petit commerce. On assiste au début de flux inverses avec le retour de catégories sociales aisées dans
le centre (gentrification). Les usines et les entrepôts se situent dans la proche banlieue alors que la
banlieue plus éloignée attire de nouvelles activités : entreprises technologiques, centres commerciaux…
Enfin les zones rurales sont gagnées par la ville.
Les problèmes liés aux villes
Les espaces urbains participent à la dégradation de l'environnement des villes : embouteillage,
pollution… Les citadins se déplacent beaucoup et connaissent fatigue, pertes de temps… Des efforts
sont faits pour améliorer le cadre de vie : réhabilitations d'immeubles, de quartiers entiers,
développement de moyens de transports… Les problèmes que connaissent les villes sont aussi des
problèmes sociaux : banlieues difficiles, chômage, pauvreté, mélange de populations…Certaines
cités de grands ensembles peuvent être des poudrières prêtes à exploser.
2 L'aménagement du territoire
2.1 Pourquoi et par qui ?
Le déséquilibre du territoire français
Les déséquilibres et les inégalités sont multiples : Nord/Sud, Est/Oues, Paris/province, villes/campagnes,
industrie/services, dépeuplement et exode rural/croissance des grandes villes… Ces déséquilibres sont anciens
et ont pour origine la tradition centralisatrise et jacobine de la France. Le bilan a été dressé en 1947 par
J.F Gravier dans Paris et le désert français.
L'intervention de l'Etat
Pour réduire les disparités économiques entre les régions et favoriser une meilleure répartition des
activités sur le territoire, l'Etat a mis en place des politiques d'aménagement du territoire. En 1950,
l'objectif est de limiter le poids de Paris et de développer les grandes métropoles et les villes moyennes.
En 1963 est créée la DATAR, chargée de coordonner toutes les actions interministérielles. Les politiques
menées sont ralenties par la crise économique issue des chocs pétroliers et se concentrent alors sur la
reconversion des régions en difficultés (pays noirs, vieilles régions industrielles). A partir de 1980,
c'est plus un soutien au développement régional en accord avec les grands projets d'infrastructure
(tunnel sous la Manche…)
2.2 Les champs d'intervention
Politique industrielle
L'objectif principal au début était la décentralisation industrielle (bilan final mitigé). Il fallait
limiter le poids de Paris. Les grandes villes du Bassin parisien (Rennes, Amiens…) ont profité de cette
déconcentration de la production. Des grands projets d'aménagement du territoire ont permis la création
de zones industrialo-portuaires (ZIP), l'aménagement de zones rurales, touristiques (assèchement des
marais du Languedoc) et la modernisation des transports.
Politique de développement
Au niveau national avec : des politiques d'aide aux projets industriels et tertiaires ; le choix de
8 métropoles d'équilibre ; la création de parcs naturels, du Conservatoire du littoral. Au niveau
régional : création de 5 villes nouvelles autour de Paris et de réseaux de villes. Au niveau local :
contrats de ville, zones franches. Ces politiques visent donc le rééquilibrage des villes et l'aménagement
rural et touristique.
2.3 Les nouveaux enjeux
L'aménagement du territoire ne passe pas seulement par l'Etat. Aujourd'hui, les autres échelons
administratifs, par la décentralisation, sont concernés. Il existe des contrats de plan Etat-Région,
les collectivités locales et les réseaux de ville établissent leur propres plans. Les entreprises
participent aussi a leur manière à l'aménagement du territoire. Elles ont besoin d' infrastructures
efficaces qui leur permettent d'exercer leur activité. L'implantation se fait après considération
des avantages et inconvénients de la position : réseaux de transport, moyens technologiques, services
disponibles. Ainsi les PME peuvent maintenir l'activité dans les petites villes. Des associations
agissents en défendant leurs intérêts (contre le TGV ou une ligne haute tension…). Le rôle de l'Etat
est limité par manque de moyens financiers et par la prise de relais par de nouveaux acteurs. L'Etat
reste derrière les grands projets et participe au financement (schémas directeurs nationaux).
Le relais est aussi pris au niveau européen. La France doit s'intégrer à l'espace européen et cela
a modifié les conditions et les projets. L'Etat ne peut plus entreprendre ce qu'il veut. La priorité a
été donnée aux transports : plates-formes multimodales, TGV Est afin de faciliter les liaisons
européennes. Il faut aussi renforcer le poids des métropoles françaises pour les intégrer à l'espace
européen dynamique. Les politiques sont maintenant transfrontalières. L'Europe veut aider les régions
et réduire les disparités européennes et s'est dotée pour cela du FEDER, Fonds européen de développement
régional en 1975. L'initiative de l'aménagement revient souvent aux régions ou à une réunion de régions,
conscientes des projets à mener et qui obtiennent alors des aides en provenance des différents acteurs,
selon les intérêts de chacun : entreprises, villes, région, Etat, Europe. La politique d'aménagement du
territoire a donc évolué : d'un caractère interventionniste et centralisateur, elle est devenue un modèle
de concertation.
Conclusion
La France est un pays urbanisé qui doit développer le poids économique de ses grandes villes pour les
intégrer pleinement à l'espace européen. En effet, malgré les politiques d'aménagement visant à rééquilibrer
le territoire et les activités (l'ENA a été transférée à Strasbourg), Paris reste un grand centre à très forte
influence économique, culturelle…
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