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Voltaire

1:Les débuts

François-Marie Arouet voit le jour à Paris, au sein d’une famille bourgeoise de tradition janséniste. Il fait ses classes chez les jésuites*, au collège Louis-le-Grand. Il est admis aux soupers libertins* du Temple dont il réjouit les réunions par ses écrits satiriques sur les amours du Régent. Cette indiscrétion le conduit en exil, puis à la Bastille, où il demeure onze bons mois. Arovet Le Ieune, par anagramme, prend le nom de Voltaire, et publie Œdipe en 1718, une tragédie philosophique qui remporte un grand succès, et le désigne comme le digne émule de Corneille et de Racine. En poète mondain, il est reçu dans les meilleures sociétés, et produit en 1728 l’épopée nationale qu’est La Henriade, où il dénonce le fanatisme de la Ligue catholique pendant les guerres de Religion. À la suite d’une mésaventure où le chevalier de Rohan le fait battre par ses domestiques, il est à nouveau embastillé, puis doit s’exiler en Angleterre.

Il réfléchit à la puissance anglaise, qui lui semble fondée sur la liberté de l’esprit, de la raison et du commerce. Ce sont autant de leçons qu’il rapporte dans ses Lettres philosophiques en 1734. Il donne aussi des pièces de théâtre, Zaïre, La Mort de César, et s’essaie à la prose, avec l’Histoire de Charles XII. Mais avec Le Mondain, poème satirique et épicurien, en 1736, le Traité de métaphysique, les Éléments de la philosophie de Newton, Le Siècle de Louis XIV et la tragédie Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, il devient de plus en plus célèbre, et de plus en plus dangereux aux yeux des autorités. Il est menacé, ses ouvrages sont condamnés ou interdits.

2:Succès et vicissitudes

En 1744, Voltaire est nommé historiographe du roi, puis est reçu à l’Académie française. Mais il entre en disgrâce, perd sa tendre amie, Mme du Châtelet, et se réfugie auprès de Frédéric II, qui l’invite à sa cour. Mais le despotisme éclairé n’existe pas, et il doit fuir Berlin, sans pouvoir éviter les vengeances du monarque. Il se réfugie finalement en Suisse. Non loin de Genève, il s’établit aux Délices, où il ne trouve qu’une paix relative, inquiété là aussi par l’intransigeance du grand-conseil. Dans ses œuvres nouvelles, après Zadig, il paraît plus sombre, ou du moins plus sceptique : l’Essai sur les mœurs, le Poème sur le désastre de Lisbonne, Candide.

Réfugié à Ferney, il n’abandonne pas pour autant le combat. Il reçoit, entretient une correspondance considérable avec tout ce que l’Europe compte d’important. Il s’engage dans l’affaire Calas, pour la justice en général, et contre le fanatisme en particulier, que dénoncent vigoureusement le Traité sur la tolérance en 1763 et le Dictionnaire philosophique, l’année suivante. En même temps, il continue à travailler à ses contes, L’Ingénu, La Princesse de Babylone. Lorsqu’il revient à Paris en 1778, il est acclamé par la foule. Il meurt cette même année, comme Rousseau, son ancien adversaire, et ses restes sont conduits au Panthéon en 1792, où il repose en paix... face à Jean-Jacques.

3:L'homme, sa pensée, son art

Voltaire a dominé l’Europe et tout le siècle de sa haute stature, son esprit curieux s’est essayé dans tous les genres, la poésie, l’histoire, le théâtre, la philosophie, le conte, etc. S’inspirant de l’exemple anglais, Voltaire développe dans ses œuvres une pensée libérale, en religion, en philosophie, en politique ou en économie. Écraser « l’Infâme », c’est-à-dire le fanatisme religieux, tel est son programme. Pour autant, il n’est pas athée. Il croit au contraire à l’existence d’un dieu juste, ayant créé l’homme bon. Le malheur veut que l’obscurantisme et les superstitions aient jeté la confusion et la méchanceté parmi les hommes. C’est le scandale du mal, à la fois tragique et absurde, qui assombrit souvent l’optimisme naturel de Voltaire. Son épicurisme* et son goût du repos se trouvent contrariés, et il se voit, infatigable, obligé de combattre les injustices, faisant figure, plus d’un siècle avant le Zola de l’affaire Dreyfus, d’intellectuel engagé.

Il s’essaie dans la poésie noble, l’épopée ou la tragédie, mais il réussit mieux dans les pièces plus courtes, notamment dans ses contes, où l’ironie, au service d’une pensée brillante, fait merveille. Cette prose vive et fine a consacré l’artiste. Mais on oublie parfois la sagesse pratique et la générosité du patriarche de Ferney : « J’ai fait un peu de bien ; c’est mon meilleur ouvrage. » Voltaire a célébré Le Siècle de Louis XIV, « pour moi, répond Frédéric II de Prusse, je me console d’avoir vécu dans le siècle de Voltaire ; cela me suffit ».

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