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Le symbolisme

Introduction

Le symbole est le signe qui représente une autre chose, en vertu d’une correspondance particulière. Cette notion d’origine grecque, et héritée des traditions religieuse et philosophique, prend dans le dernier tiers du xixe siècle une importance fondamentale.

1:L'idéal et l'art symboliste

Face au réalisme, face à la bourgeoisie triomphante, face au règne de la raison matérialiste, se développe malgré tout une inquiétude métaphysique* de plus en plus sensible, qui se révèle dans un courant d’art et de pensée : le symbolisme*. S’inspirant entre autres de Baudelaire, le symbolisme postule l’existence de correspondances secrètes dans l’univers, dont il tente de retrouver les signes, et de les déchiffrer s’il se peut.

Cette quête métaphysique* qui tend vers un Idéal, bien entendu inaccessible, débouche sur un art très novateur. Dès lors que l’artiste s’attache à retrouver les symboles de l’univers, il s’agit donc moins pour lui de désigner les objets du réel que d’en suggérer les liaisons jusqu’alors inconnues. De là deux conséquences majeures : d’une part l’impression de mystère, qui entoure en général les œuvres symbolistes, souvent tentées par l’hermétisme ou l’occultisme ; d’autre part, le caractère nécessairement elliptique, inachevé, inabouti, fragmentaire ou déceptif des œuvres symbolistes. C’est le grand Livre que Mallarmé n’écrira jamais, c’est le silence auquel se condamne Rimbaud, à l’âge de vingt-deux ans.

Néanmoins, les apports du symbolisme* dans le domaine de l’art sont des conquêtes majeures. La poésie, jusqu’alors, avait conservé encore une forme classique. Le symbolisme* introduit des nouveautés remarquables. Verlaine, le premier, accorde le primat à la musique, mieux capable, selon lui, de suggérer l’indicible. Le vers impair se prête subtilement aux cadences mystérieuses de l’âme du poète et du monde. Poursuivant l’œuvre de Baudelaire, Rimbaud donne au poème en prose toute sa richesse, et toute sa lumineuse opacité. Mallarmé qui pousse jusqu’au bout la logique classique de l’alexandrin dans le fameux sonnet* en -yx, dynamite finalement la structure du vers français dans Un coup de dés, reproduisant à la fois, dans l’espace de la page mimétique, le chaos originel et la recherche, sinon d’un sens, du moins d’un mouvement.

2:La nébuleuse de fin de siècle

Dans la lignée du symbolisme*, dans ses marges, ou dans ses déliquescences, se situent une nébuleuse d’artistes, dont certains reprennent triomphalement, comme un étendard, le terme décadence qu’on leur jette à la face. La décadence, dont il faudrait ôter toute connotation moralisatrice, est selon Verlaine « un mélange d’esprit charnel et de chair triste », c’est un art élevé et raffiné, un art de vivre, de sentir, et peut-être de créer, puis de mourir : son modèle accompli est le héros que met en scène Huysmans dans À rebours : Des Esseintes.

Le symbolisme* jette ses derniers feux avec Jules Laforgue, et sur la scène, avec la pièce émouvante de Maeterlink, Pelléas et Mélisande, et son envers grotesque, la geste héroï-comique d’Ubu, sortie de l’imagination farcesque d’Alfred Jarry. Bientôt, tout en poursuivant son influence sur la jeune génération du siècle à venir, le symbolisme* se dissout peu à peu dans l’idéalisme et le spiritualisme. Après le « manifeste d’écriture convulsive » qu’étaient déjà Les Chants de Maldoror de Lautréamont, Villiers de L’Isle-Adam allie dans son œuvre cruauté, mysticisme et fantastique*, tandis que Barbey d’Aurevilly, converti au catholicisme, cède au goût satanique dans ses romans.

Cette fin de siècle donne parfois l’impression d’une confusion générale, mais c’est une époque de bouillonnement et d’expérimentation. Loin d’être une déchéance, elle prépare les renouveaux de la poésie du siècle à venir. Claudel, Valéry, Gide puisent à pleine main dans ce magma poétique. En outre, le symbolisme* a permis une heureuse et féconde collaboration entre les arts. Les liens entre les écrivains symbolistes, les peintres impressionnistes, et les musiciens comme Fauré et Debussy sont très étroits. La libération et la modernité poétiques dont rêvaient Hugo et Baudelaire, c’est le symbolisme* enfin qui l’accomplit, même par ses échecs, en cette aube du xxe siècle.

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