Présentation générale du XIXème siècle
1:Evolutions politiques
Voici un siècle qui naît au spectacle sanglant de l’épopée napoléonienne, pour s’abîmer
dans cette tuerie que fut la Grande Guerre.
Sept régimes politiques se succèdent en moins d’un siècle :
- 1799-1804 : Bonaparte, premier consul
- 1804-1815 : Premier Empire
- 1815-1830 : malgré le bref intermède des Cent-jours, après la défaite de Waterloo,
l’Empire est abattu, la royauté, rétablie : c’est la Restauration, avec Louis XVIII,
puis Charles X
- 1830-1848 : monarchie de Juillet, dirigée par Louis-Philippe
- 1848-1852 : la Révolution institue, avec Lamartine, la IIe République, bientôt minée
par le coup d’État de son président, Louis Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III, que
fustige Victor Hugo
- 1852-1870 : le Second Empire mis en place par Napoléon III tombe après la défaite de
1870 face aux Allemands
- 1870 : la IIIe République est proclamée provisoirement, puis confirmée en 1875. Elle
durera jusqu’en 1940.
Les clivages politiques sont particulièrement marqués. Droite et gauche s’opposent,
évidemment. Mais à l’intérieur de ces sensibilités, les tensions ne sont pas moins vives.
La droite aristocratique et légitimiste s’accroche aux valeurs anachroniques de l’Ancien
Régime ; la droite bourgeoise et orléaniste tente de concilier l’ordre monarchiste et le
capitalisme industriel ; la droite populaire, opportuniste, plus ambiguë, est aussi plus
autoritaire. À gauche, la tradition politique et libérale prévaut sous la Restauration.
Mais bientôt émergent la gauche républicaine et radicale, et les gauches socialistes, aux
théoriciens divers, Fourier, Proudhon ou Marx. Le débat public se pose donc, en général,
en termes contrastés : progrès ou tradition, science ou religion, liberté ou ordre, autant
de clivages qui coïncident souvent, mais pas toujours, avec l’opposition gauche/droite. Les
idéologies avivent les passions.
2:Evolutions économiques et sociales
C’est le siècle, en France, de la révolution industrielle. Servie par les progrès de la
technique, elle se fonde sur le textile et sur l’aciérie. Les moyens de communication se
développent, les chemins de fer, la marine à vapeur. Le capitalisme financier, avec la Bourse,
prend une ampleur nouvelle, et permet l’essor d’une bourgeoisie d’affaires, aux réussites
parfois spectaculaires, comme le montre Balzac. Mais les chantres de la pensée libérale,
comme Saint-Simon, ont beau se réjouir de ces progrès, la misère sociale semble augmenter,
à proportion des richesses créées.
La question sociale est posée. L’asservissement de l’homme aux machines et au système
social, ces formes modernes de l’esclavage, le travail des enfants, condamné par Hugo,
la déchéance sociale et/ou morale des travailleurs révélée par Zola, des ouvriers et de
tous les prolétaires, finissent par attirer l’attention, et le catholicisme social de
Lamennais rejoint par là les préoccupations des gauches socialistes. La liberté sans le
pain ne sert pas à grand chose : c’est le siècle des misérables.
3:Evolutions culturelles
C’est l’avènement d’une culture nationale commune, fondée sur le patriotisme et sur
l’histoire de France, étudiée et célébrée par Michelet, enseignée dans la République des
écoles laïques, gratuites et obligatoires. Partout exaltée, par la Révolution, puis par
l’Empire, de l’extrême gauche à l’extrême droite de Barrès et de Maurras, l’idée de nation
offre à la France divisée l’occasion d’une opportune et solennelle communion, au mysticisme
laïcisé.
Plus concrète se veut la culture bourgeoise, qui se fonde, elle, sur les valeurs de l’ordre,
de la raison, et surtout de l’argent. Elle répond volontiers aux exhortations du ministre
Guizot : « enrichissez-vous ». C’est une culture de ce monde, de l’ici-bas, inspirée du
siècle de Voltaire, éventuellement anti-cléricale, comme l’est Stendhal, et qui voit dans
la religion tout au plus une garantie de l’ordre social. Ce même mouvement de laïcisation
de la société aboutira à la séparation de l’Église et de l’État en 1905. En revanche, les
valeurs positivistes de la science et de la connaissance sont de plus en plus célébrées,
par Taine et par Renan, par exemple.
L’avènement relatif d’une culture de masse est un fait essentiel à cette époque. Le suffrage
prétendument universel, d’où sont exclues les femmes, l’alphabétisation croissante, l’essor de
la presse et des gazettes, donnent au pays tout entier une conscience et une culture politiques
nouvelles. Les auteurs ont désormais une tribune qui amplifie leurs discours. Porté par cette
société bourgeoise, l’artiste est bien souvent un être élu et réprouvé. Tels sont les poètes
maudits que présente Verlaine.
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