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Madame de Sévigné

1:Sa vie

La jeune Marie dispose à la fois de noblesse et de richesse quand elle vient au monde en 1626. Son père, Celse de Rabutin-Chantal, digne et bouillant rejeton d’une illustre lignée, a épousé Marie de Coulanges, issue d’une famille de la très riche bourgeoisie. Bientôt orpheline, la jeune fille passe malgré tout une enfance heureuse, et reçoit une éducation soignée, d’ordinaire refusée aux filles. En 1645, elle épouse Henri de Sévigné, un bon parti apparemment, mauvais mari en fin de compte, qui meurt en duel pour sa maîtresse sept ans plus tard. Lors de la Fronde, elle prend le parti des princes. La jeune veuve fréquente le Tout-Paris, refuse les hommages pressants des plus grands, le duc de Conti, Turenne, Fouquet même, et accepte la compagnie des anciens frondeurs et des « gens de lettres », Condé, le cardinal de Retz, son cousin Bussy-Rabutin, La Rochefoucauld, Mlle de Scudéry, La Fontaine, Corneille, la famille Arnaud, et son amie, Mme de La Fayette. Fine, vertueuse et coquette, elle incarne pour beaucoup la précieuse idéale. Elle s’occupe du mariage de sa fille, qui épouse le comte de Grignan, mais alors, la séparation en 1671 lui cause une douleur extrême qui nourrit sa riche correspondance pendant vingt ans. Elle partage son temps entre Paris et sa propriété des Rochers, écrivant sans cesse, jusqu’à sa mort en 1696.

2:Son oeuvre

« J’ai quasi toujours à écrire », confesse la marquise, même quand elle a peu à dire, car tout l’art consiste à faire quelque chose de rien. Bien souvent, elle se fait la gazette de Paris, relatant avec finesse les circonstances, anecdotes ou événements du monde, qui donnent lieu à une plaisante satire* où se révèle sa lucidité remarquable. Mais le reste du temps, elle écrit pour le bonheur d’écrire : « j’écris tant qu’il plaît à ma plume, c’est elle qui gouverne tout ». Les quelques mille lettres conservées, qui se lisaient déjà à haute voix dans les salons de l’époque, sont une riche matière, très intéressante du point de vue sociologique et psychologique, à la fois brillante et intime, spirituelle et naturelle. Les vanités du monde lui font prendre conscience des nécessités contradictoires du carpe diem et du memento mori : cueillir le jour qui passe, tout en songeant à mourir.

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