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Jean-Jacques Rousseau

1:Formation

« Je suis né à Genève en 1712, dit Jean-Jacques, d’Isaac Rousseau, citoyen, et de Suzanne Bernard, citoyenne. » Sa mère meurt à sa naissance. Il est bientôt mis dans une pension. L’apprentissage où on le place ne lui vaut rien, et trouvant un jour les portes de Genève fermées, il quitte la ville et rencontre un curé qui l’envoie chez Madame de Warens en 1728. Cette dévote gracieuse, qu’il appelle maman, le ravit. À Turin, il abjure le protestantisme et reçoit le baptême. Engagé comme laquais, il vole un jour un ruban, et laisse accuser une innocente. Il rencontre l’abbé Gaime, qui lui inspirera le personnage du vicaire savoyard. Il retourne aux Charmettes auprès de « maman », dont la piété n’exclut pas quelque liberté. Il est heureux. Il apprend l’amour, l’amitié, la musique, il voyage, il herborise, et forme avec Claude Anet et Mme de Warens, dans une intimité sensuelle commune à trois, « une société sans autre exemple sur la terre ». Il devient précepteur des enfants de M. Mably, frère du philosophe Condillac. Ayant imaginé un nouveau système de notation musicale, il décide en 1741 de le présenter à Paris.

2:Le succès

L’Académie refuse son système, mais il rencontre alors le Paris des arts et des lettres, le musicien Rameau, le dramaturge Marivaux, les philosophes Fontenelle et Diderot. Il donne des leçons de musique, et se place à Venise chez M. de Montaigu, où il subit des vexations diverses. De retour à Paris après un an, il se lie avec une servante d’auberge, Thérèse Levasseur, dont il a cinq enfants, qu’il abandonne à l’Hospice des enfants trouvés. Il compose un opéra, Les Muses galantes, collabore avec Voltaire et Rameau pour un autre opéra. Il fréquente le brillant salon de Mme d’Épinay, Diderot, d’Alembert, et rédige des articles de l’Encyclopédie. À l’occasion du sujet mis au concours de l’Académie de Dijon : « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs », il rédige en 1750 son Discours sur les sciences et les arts. C’est le début d’une longue suite de succès. Son opéra, Le Devin du village, lui donne l’occasion de prendre position pour la musique italienne dans la querelle des Bouffons. Il compose un Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes en 1755, la Lettre à d’Alembert sur les spectacles en 1758, La Nouvelle Héloïse en 1761, Du contrat social et l’Émile en 1762.

3:Les malheurs

Mais Rousseau, successivement, se brouille avec Voltaire, Grimm, Diderot et d’Alembert. Le parlement de Paris condamne les idées religieuses peu orthodoxes de la partie de l’Émile concernant la Profession de foi du vicaire savoyard. À Genève, on brûle en outre publiquement le traité Du contrat social. À Neuchâtel, sa maison est lapidée. Il doit fuir, encore une fois. Il est accueilli par le philosophe anglais David Hume, mais il se brouille avec lui. Il finit par se persuader d’un complot universel contre lui, justifiant le projet des Confessions, qui seront publiées après sa mort. Il évite le monde, compose ses Dialogues, et semble enfin, dans la nature, retrouver le calme avec Les Rêveries du promeneur solitaire. Il meurt en 1778 à Ermenonville, où son tombeau, sur l’île des peupliers, donne encore lieu à des pèlerinages. En 1794, la Convention procède au transfert de ses cendres au Panthéon.

4:Les pensées

Animé par un souci de vérité et de réforme générale, Rousseau est en quête des origines, origine des langues, origines de l’homme et de la société. Sa pensée globale oscille entre ces deux pôles apparemment opposés : nature et culture. Précédant en cela le goût des romantiques, il aime à se retrouver dans la nature. Un sentiment de plénitude et d’harmonie divine l’envahit lors de ses promenades et rêveries diverses. Dans l’état de nature théorique qu’il décrit, l’homme est bon, mais avec la civilisation, s’introduit la corruption. La propriété a permis la société, et avec elle, les disputes, les guerres, les misères. « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. » Dans la cité, l’homme est proprement dénaturé, et le moi y est blessé, offusqué. Rousseau ressent donc la nécessité de réformer l’homme et la société. Dans l’Émile, il propose une éducation naturelle, conforme à la destination première de l’être, où il s’agit d’abord de prévenir les mauvaises influences et préjugés que l’usage a consacrés. Avec l’essai Du contrat social, il dénonce les abus et injustices politiques, et fonde la légitimité du pouvoir dans l’État sur une convention nécessaire : le pacte social. Tous ces efforts devraient permettre à l’homme de retrouver sa juste place dans la cité et, dans la nature.

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