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Honoré de Balzac

1:L'auteur

Honoré de Balzac naît sans particule à Tours, dans une famille de la petite bourgeoisie. Après des études chez les oratoriens, il suit son père à Paris, et commence sans enthousiasme des études de droit. Il s’intéresse bien plus aux lettres, et il s’essaie à la carrière de dramaturge. Sa première tragédie et les premiers romans d’aventure et romans noirs qu’il publie sous divers pseudonymes sont mal accueillis.

Mais il reçoit le soutien de femmes diverses : Mme de Berny, la duchesse d’Abrantès, et Mme Hanska, une admiratrice polonaise, qu’il parviendra à épouser quelques mois avant sa mort. Dès lors, il est initié aux affaires, même s’il s’endette rapidement, aux salons, et à tous les plaisirs de la vie parisienne. Une vie trépidante, des ambitions diverses, des procès de créanciers, des maîtresses et des voyages en nombre, ne l’empêchent pas de laisser à sa mort une œuvre colossale : outre une abondante correspondance, pas moins de trente contes, cinq pièces de théâtre et quatre-vingt-quinze romans d’études sociales, regroupés dans La Comédie humaine.

2:La comédie humaine

« L’immensité d’un plan qui embrasse à la fois l’histoire et la critique de la Société, écrit l’auteur dans son avant-propos de 1842, l’analyse de ses maux et la discussion de ses principes, m’autorise, je crois, à donner à mon ouvrage le titre sous lequel il paraît aujourd’hui : La Comédie humaine. Est-ce ambitieux ? » Certes oui, mais le résultat est impressionnant.

L’architecture générale met en évidence plusieurs grands ensembles : les études analytiques (entre autres, La Physiologie du mariage) ; les études philosophiques (dont La Peau de chagrin et Le Chef-d’œuvre inconnu en 1831, Louis Lambert et La Recherche de l’absolu) ; et les études de mœurs regroupées en scènes de la vie privée (Gobseck, Le Colonel Chabert en 1832, Le Père Goriot en 1835), scènes de la vie de province (Eugénie Grandet en 1833, Le Lys dans la vallée en 1836, Les Illusions perdues en 1843), scènes de la vie parisienne (Sarrasine, César Birotteau, La Maison Nuncigen, Splendeurs et misères des courtisanes, La Cousine Bette en 1846), scènes de la vie politique (Un épisode sous la terreur ), scènes de la vie militaire (Les Chouans en 1829), et scènes de la vie de campagne (Le Médecin de campagne, Le Curé de village et Les Paysans en 1844).

Les études de mœurs sont le spectacle de la société, dans toutes ses composantes ; les études philosophiques expliquent les causes, « les coulisses et les machines » de l’individu ; les études analytiques enfin remontent jusqu’aux principes de l’auteur. Balzac qui se propose de faire concurrence à l’état civil, est bien plus que le secrétaire de la société, dont il enregistrerait les caractères. Les cent trente-sept romans prévus (quarante-six demeurent à l’état d’ébauche) et les quatre mille personnages, dont plusieurs, tels Vautrin et Rastignac, apparaissent à plusieurs reprises, sont « comme un monde complet », une somme sans précédent dans la littérature universelle.

3:L'art de Balzac

Influencé par les doctrines illuministes et occultistes du xviiie siècle et par la zoologie de Geoffroy-Saint-Hilaire, Balzac cherche à expliquer les liens entre les hommes et leur milieu, les espèces et les individus, la matière et la pensée. Son ambition est la totalité, la recherche de l’absolu. Il est animé, comme tant de ses personnages, par une volonté de puissance, source de son énergie créatrice. Ses héros, très individualisés, accèdent en général, par leur passion ou manie particulière, à la dimension symbolique de types, psychologiques, sociologiques ou philosophiques. Et ses romans obéissent à une construction rigoureuse, souvent dramatique : après une exposition souvent longue, voire pesante, la crise se noue violemment et donne lieu à un dénouement spectaculaire.

Balzac possède deux facultés maîtresses : l’observation et l’imagination. Ses descriptions semblent épuiser la matière du réel, dont il sait rendre les menus détails, l’épaisseur visqueuse ou brute. Par là-même, elles possèdent une qualité hallucinatoire, et les intrigues remarquables, qui ne sont pas sans affinité avec le romantisme (exaltation du moi, goût du mystère et du mélodrame), créent un univers labyrinthique : « Mes romans sont Les Mille et Une Nuits de l’Occident » écrit à juste titre l’auteur. Cette abondance réglée et débridée à la fois, cette mythologie réaliste qu’il met en scène, a conduit Baudelaire à parler à son égard, la formule est heureuse, de réalisme visionnaire.

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