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Henri de Montherlant

Vie et oeuvre

L’enfance d’Henry Millon de Montherlant avec ses parents et ses oncles lui inspirera Les Célibataires (1934). Le jeune homme s’exalte en lisant les hauts faits des héros de l’Antiquité. Au collège Sainte-Croix de Neuilly, il rencontre un garçon, « cet être, le seul que j’aie aimé de ma vie entière », mais il est alors chassé de l’établissement pour pédérastie. Cet épisode inspirera deux de ses œuvres, la pièce La Ville dont la prince est un enfant (1967) et le roman Les Garçons (1969). Ses premières œuvres ont également un caractère autobiographique. Dans La Relève du matin (1920), il raconte sa jeunesse, et dans Le Songe (1922), il évoque l’expérience glorieuse des soldats pendant la Grande Guerre.

Montherlant a le goût de l’action, de l’énergie et de la virilité. Son goût du stade et de la corrida se retrouve dans Les Olympiques (1924-1938) et dans Les Bestiaires (1926). Un long voyage en Méditerranée lui permet de tromper son ennui au soleil, et il chante les plaisirs de la sensualité dans le triptyque des Voyageurs traqués : Aux fontaines du désir (1927), La Petite Infante de Castille (1929), Un voyageur solitaire est un diable (1946), mais ces essais sont aussi un moment de crise.

D’ailleurs, l’œuvre de Montherlant trahit son inquiétude croissante. S’il espère encore Un instant de bonheur, dans ce recueil de poèmes de 1934, il est conscient du caractère éphémère de la paix (Mors et Vita, 1932 et L’Équinoxe de septembre, 1938), et son « civisme » le pousse à exprimer la nécessité paradoxale d’un engagement politique sans illusion dans Service inutile (1935). Sa vie sentimentale n’est pas moins troublée. Ayant deux fois rompu ses fiançailles, il compose le cycle romanesque* des Jeunes Filles : Les Jeunes Filles (1936), Pitié pour les femmes (1936), Le Démon du bien (1937), Les Lépreuses (1939).

Désormais, Montherlant se tourne vers la scène, où il triomphe : La Reine morte (1942), Le Maître de Santiago (1948), Malatesta (1950), Port-Royal (1954), Don Juan (1958), Le Cardinal d’Espagne (1960), La Guerre civile (1965), La Ville dont le prince est un enfant (1967). Ce théâtre sublime et pessimiste respire l’orgueil et la solitude, en une langue pure et nerveuse.

En 1972, presque aveugle, Montherlant préféra se suicider, en toute dignité, à la romaine. « Ma patrie, disait-il, est partout où on m’élève au-dessus de moi-même. »

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