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Georges Perec

Vie et oeuvre

Georges Perec est issu d’une famille modeste. Après des études de lettres, il devient documentaliste au C.N.R.S. Il est bientôt admis au collège de pataphysique, et participe à l’OULIPO, OUvroir de LIttérature POtentielle. Avec ses amis poètes Jacques Roubaud et Raymond Queneau, il s’intéresse en effet à ces jeux et techniques d’écritures fondées sur des règles logiques et ludiques arbitraires. Rongé par le cancer, il décède en 1982.

Georges Perec laisse une production variée, et pour le moins originale. Il s’est lancé dans le théâtre avec L’Augmentation (1970), la poésie avec La Boutique obscure (1973) et dans l’essai avec Espèces d’espaces (1974). Mais il s’est surtout illustré dans le genre romanesque*. Si W ou le Souvenir d’enfance (1975) et Je me souviens (1978) se rattachent encore au genre autobiographique, quoiqu’il s’agisse de souvenirs en lambeaux, ou mêlés de fictions, les autres romans sont peut-être plus surprenants. Avec Les Choses, une histoire des années soixante (1965), Perec semble momentanément se rapprocher du Nouveau Roman. Puis il écrit Un Homme qui dort (1967), à la deuxième personne du singulier, La Disparition, sans aucun « e », à l’inverse des Revenentes, où les seules voyelles sont des « e », puis son chef-d’œuvre, La Vie mode d’emploi (1978).

L’œuvre de Perec donne d’abord l’impression d’une virtuosité gratuite. Il s’amuse à faire des lipogrammmes ou des tautogrammes, c’est-à-dire des écrits excluant ou incluant seulement telles ou telles lettres. Il construit des mots-croisés. Il rédige un texte uniquement « composé des onze lettres les plus fréquentes de la langue française : E, S, A, R, T, I, N, U, L, O, C, » et cela donne Ulcérations, « poème de 400 “vers”, chaque “vers” étant une anagramme du mot “ulcérations” ». La Vie mode d’emploi est « un exemple de bi-carré latin orthogonal d’ordre 10 », dans la mesure où Perec dispose « 21 fois 2 séries de 10 éléments qui sont ainsi permutées et qui déterminent les éléments constitutifs de chaque chapitre ».

Mais ces procédés artificieux, ces longues énumérations, ces objets innombrables, ces jeux autotéliques, qui ont leur fin en eux-mêmes, sont un moyen d’échapper au sérieux vain de l’Idée, du Sens, des « grandes majuscules ». Cette ironie critique face au réel envahissant, où s’abolit toute signification, permet à l’auteur d’échapper au dilemme du conformisme ou de la révolte. Cette indifférence face au monde, est un scepticisme* joyeux ou amer, selon les cas.

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