Georges Bernanos
Vie et oeuvre
Après des études de lettres et de droit, Georges Bernanos commence sa carrière dans le
journalisme. Il apparaît comme un polémiste de talent, et, royaliste, il soutient l’Action
française de Charles Maurras. Il s’engage pendant la Grande Guerre, dans un régiment de
cavalerie.
Bernanos a presque quarante ans lorsqu’il publie, en 1926, un premier roman au titre
éclatant : Sous le soleil de Satan, où il évoque les effets terrifiants du démon sur la
jeune Mouchette, finalement sauvée par l’abbé Donissant. Un an plus tard, il publie un
second roman, L’Imposture, celle de l’abbé Cénabre, qui accomplit scrupuleusement son
ministère religieux, bien qu’il n’ait plus la foi. Ce roman trouve une suite dans La
Joie (1929), où le personnage de l’abbé Cénabre est racheté par le sacrifice exceptionnel
de Chantal de Clergerie.
Lors de la guerre civile espagnole, Bernanos, d’abord favorable aux franquistes, est bientôt
révolté par leur brutalité sauvage, et plus encore par le soutien que leur accordent l’Église
et Maurras. Cette circonstance lui inspire un pamphlet indigné en 1938, Les Grands Cimetières
sous la lune, où il dénonce les bien-pensants. Son engagement catholique évolue alors de
l’extrême-droite vers une pensée plus progressiste.
Parallèlement, il poursuit son œuvre de romancier, avec le Journal d’un curé de campagne en
1936, histoire d’un jeune curé qui se heurte aux turpitudes de son entourage, et qui meurt sur
ces mots : « Tout est grâce. » Puis il revient sur le personnage de Mouchette, bien transformée
dans cette Nouvelle Histoire de Mouchette en 1937, mais toujours aussi maudite apparemment.
Pendant la guerre, il s’engage activement dans la Résistance, et s’oppose à Vichy dans sa
Lettre aux Anglais (1942). Il travaille aussi à Monsieur Ouine (1946), professeur retraité,
peut-être possédé par le démon. Son dernier ouvrage, Le Dialogue des carmélites, publié après
sa mort, évoque le martyre sublime de quelques religieuses pendant la Révolution, et inspirera
à Francis Poulenc un opéra célèbre.
L’univers de Bernanos est hanté par le démon. Les âmes les plus pures subissent ses assauts
redoutables. Rien de plus quotidien, pourtant, que les personnages et les milieux qu’il met en
scène. C’est que les œuvres et les pompes de Satan ont pour théâtre le monde familier. D’un style
aussi beau et ténébreux que l’Ange de lumière lui-même, Bernanos évoque une humanité déchue à qui
manque souvent la grâce de Dieu.
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