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Gargantua de Rabelais

1:Présentation

La Vie treshorrificque du grand Gargantua, pere de Pantagruel jadis composee par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence, quoique publiée après Pantagruel, constitue en fait le premier volume de la geste pantagruélique : le récit des origines. L’œuvre suit un cours comparable à celui de Pantagruel. La première partie relate la généalogie, la naissance et l’éducation de Gargantua. L’énorme bébé qui naît par l’oreille de sa mère après onze mois grandit en force et en beauté, au grand bonheur de Grandgousier son père, et est placé sous la houlette de son précepteur Holopherne, maître de pédagogie à la mode médiévale. Mais l’enfant devenu « tout rêveux et rassotté » est finalement confié à Ponocrates qui, en bon humaniste, l’instruit aux bonnes lettres des auteurs anciens et aux Saintes Écritures, sans négliger les sciences qui complètent avec d’autres utiles récréations, jeux et exercices physiques, l’institution idéale du héros Gargantua. Mais bientôt une querelle paysanne déclenche l’épopée burlesque des guerres picrocholines. Le roi Picrochole et sa folie ambitieuse attaquent Grandgousier, qui se voit obligé d’entreprendre la guerre, malgré tous ses efforts pour obtenir une médiation pacifique. Gargantua vient à la rescousse de son père, et avec l’aide de l’énergique frère Jean, lointain ancêtre de Don Camillo, parvient à ramener la paix. Après la victoire, Gargantua se montre généreux envers vaincus et vainqueurs, et fait bâtir pour frère Jean l’utopique et splendide abbaye de Thélème dont la seule règle, pour les hommes et femmes dignes d’y résider est : « Fay ce que vouldras. »

2:Analyse

Gargantua, après Pantagruel, semble plus mesuré, et le projet moral et civique de l’auteur y est plus affirmé. L’Homme que rêve Rabelais serait conforme à Gargantua, transformé par l’éducation humaniste qu’il a reçue : savoir, énergie, piété et bonne humeur en sont les maîtres mots. Les instincts maîtrisés sont épanouis, la mémoire, cultivée, mais non pas surchargée. La Cité idéale que constitue Thélème selon les principes exposés par Rabelais semble un hâvre de liberté et de félicité naturelles. Enfin, l’auteur condamne les ambitions martiales, et fait du bon prince un homme sage et pacifique, capable cependant par sa prudence de l’emporter en cas de guerre. Mais par le serio ludere, ces idées sérieuses sont joyeusement exposées, « pour ce que rire est le propre de l’homme. »

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