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François Rabelais

1:La vie de Rabelais

François Rabelais naît vers 1494, aux environs de Chinon. Il entre dans les ordres, chez les franciscains, s’intéresse aux textes grecs, et entretient une correspondance avec l’humaniste Guillaume Budé. Il traduit en latin le second livre d’Hérodote, et fréquente des juristes humanistes formant un cercle autour d’André Tiraqueau. Mais ses livres grecs lui sont retirés : la Sorbonne voit d’un mauvais œil l’essor des études humanistes. Il se réfugie alors chez les bénédictins, et devient le secrétaire de son abbé, Geoffroy d’Estissac, dans un milieu plus favorable aux propositions de l’humanisme et de l’évangélisme. Bientôt, il complète sa formation en droit, et en moine défroqué, simple séculier, il voyage de ville en ville, pour étudier la médecine dans les universités. Peu de temps après, il enseigne lui-même cette discipline et, philologue* autant que médecin, il commente Galien et Hippocrate dans le texte.

À Lyon, en 1532, il est nommé médecin de l’Hôtel Dieu et publie dans le même temps plusieurs ouvrages de droit et de médecine, dont les Aphorismes* d’Hippocrate. Sa renommée s’étend de plus en plus, et il entretient une correspondance avec le savant Érasme. Sous un pseudonyme-anagramme, Maistre Alcofribas Nasier, François Rabelais publie Pantagruel et, deux ans plus tard, Gargantua. La protection et l’amitié de l’évêque de Paris, Jean du Bellay, puis celle de Guillaume du Bellay, tous deux oncles du poète, lui permettent de séjourner plusieurs fois en Italie, et assez longtemps pour découvrir vraiment le pays qui fait rêver tous les humanistes de ce temps. De retour en France, il exerce la médecine avec un succès jamais démenti, et pratique dans ses cours la dissection de cadavres, méthode alors fort peu en usage. Le Tiers Livre de la geste pantagruélique paraît en 1546. Rabelais obtient la cure de Meudon, achève Le Quart Livre en 1552, condamné par le parlement, et meurt probablement l’année suivante. Le Cinquième Livre qui paraît en 1564 est sans doute partiellement ou entièrement apocryphe*.

2:La sagesse et l'art de Rabelais

A:La sagesse de Rabelais, un mélange de science et de bonne humeur

La sagesse de Rabelais est un assemblage réussi de science et de bonne humeur. Ce gai savoir se décline selon des domaines extrêmement variés, la philosophie, le droit, la médecine, l’histoire naturelle, la religion, et témoigne de l’extraordinaire érudition de l’auteur. C’est un humaniste accompli, et la connaissance chez lui contribue à la joie de vivre. Le corps et l’esprit mis en accord, l’appétit, la généreuse Nature en somme sont pour lui les fondements d’une saine morale qu’incarnent justement ses deux héros, Gargantua et Pantagruel. Le pantagruélisme est donc « certaine gaîté d’esprit confite en mépris des choses fortuites » et il consiste à toutes choses interpréter à bien. Il s’oppose, en revanche, aux extravagances belliqueuses des rois tels que Picrochole ou Anarche, car la guerre et les conquêtes ambitieuses, pour Rabelais, ne sont pas compatibles avec l’esprit de charité et de fraternité qu’enseignent les Évangiles.

Rejetant les méthodes scolastiques* de l’enseignement médiéval, l’auteur propose ainsi une pédagogie nouvelle, d’inspiration humaniste, ayant pour but de former l’homme nouveau dans la joie, dans la foi et dans la liberté. Tel est le sens de la règle de l’abbaye de Thélème que fonde Frère Jean, à la fin de Gargantua : « Fay ce que vouldras. »

3:L'art de Rabelais

L’art de Rabelais fait de lui un homme de transition et de mélange heureux. La geste de Pantagruel est à la fois le chant de cygne parodique des épopées antiques et médiévales et, peut-être, le premier des romans modernes. Elle conte les aventures de ces bons géants, Gargantua et Pantagruel, et de leurs compagnons divers, Frère Jean, Panurge, Épistemon… Le réalisme de l’auteur, qui emprunte maints détails à l’observation pittoresque des métiers, des hommes et des lieux qui l’entourent, cohabite avec une fantaisie débridée qui autorise les bons géants à « compisser » la ville de Paris, ou à engendrer par pets de petits hommes. Car Rabelais n’hésite pas à exploiter les ressources subversives et drolatiques du comique qui chez lui épouse tous les styles : satire*, parodie, anecdotes, calembours des plus grossiers aux plus subtils, de la scatologie la plus grasse à la théologie la plus haute : pour Rabelais, le Verbe s’est fait (bonne) chère. La culture populaire et la culture savante se retrouvent alors pour un carnaval de mots de toutes sortes, les nouveaux et les anciens, les grecs ou les allemands, les rares, les inventés, les incompréhensibles. C’est une véritable corne d’abondance d’où sortent en joyeux désordre des listes infinies de vocables accumulés. Pour autant, Rabelais ne perd pas de vue son projet moral, car à travers la satire* des autorités diverses il redessine en creux le naturel de l’Homme.

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