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L'explication de texte

L’épreuve orale de français au baccalauréat comporte une explication de texte suivie d’un entretien. D’une durée de 20 minutes (plus 20 minutes de préparation), elle porte sur les textes étudiés en classe durant l’année de première (œuvres complètes et groupements de textes).

Remarque : Une œuvre complète est une œuvre étudiée dans son intégralité, un groupement de textes est un ensemble de 5 à 7 textes centrés autour du même thème.

Votre professeur se chargera d’élaborer la liste des œuvres et des textes étudiés pendant l’année scolaire.

C’est cette liste que vous présenterez à l’examinateur à l’oral.

Remarque : Il se peut que l’examinateur vous laisse choisir le texte, mais n’y comptez pas trop ! De toute manière, si vous êtes autorisé à choisir, l’évaluation de votre prestation sera plus sévère…

1.Que disent les Instructions Officielles ?

La première partie de l’épreuve orale consiste en une « lecture d’un court passage (une quinzaine de vers ou une quinzaine de lignes de prose) tiré de la liste des œuvres et des textes présentés par le candidat. Il peut s’agir de tout ou partie de l’un des textes réunis dans le cadre d’un groupement, ou d’un passage, quel qu’il soit, d’une des œuvres intégrales étudiées. Le candidat lit le texte à haute voix. Il l’examine méthodiquement. Il propose, en se fondant sur des remarques précises, un jugement motivé sur ce qui en constitue à ses yeux l’intérêt ».

En pratique, que retenir ?

  • l’exercice porte sur un texte court (15 - 20 lignes)
  • il peut s’agir :
    • d’un texte étudié en classe dans le cadre d’un groupement de textes
    • d’un texte étudié en classe dans le cadre d’une œuvre complète
    • d’un texte non expliqué en classe, mais extrait d’une des œuvres complètes étudiées durant l’année
  • pour les textes étudiés en classe, l’examinateur peut proposer soit l’intégralité du passage, soit un extrait plus bref
  • l’explication de texte doit être menée avec méthode

Nous allons voir à présent comment procéder.

2.« Examiner méthodiquement » un texte

Il existe deux méthodes pour l’explication de texte orale : l’explication linéaire et la lecture méthodique. Chacune suit des règles précises qui permettent l’examen méthodique du texte. Le tableau ci-dessous présente les deux méthodes et les étapes qu’elles comportent.

« Examiner méthodiquement un texte », c’est donc l’expliquer en appliquant l’une des deux démarches ci-dessus. Mettre en œuvre une explication linéaire ou une lecture méthodique suppose par ailleurs la maîtrise :

  • des outils d’analyse textuelle que nous avons utilisés dans la partie II de cet ouvrage pour le commentaire composé
  • d’un certain nombre de compétences spécifiques résumées dans le tableau comparatif des méthodes et que nous allons aborder ci-dessous de façon plus détaillée.

3.Comment procéder ?

Nous nous appuierons sur les exemples suivants :

  • une œuvre complète : Bel-Ami de Maupassant,
  • 3 textes extraits du groupement « L’entrée dans la vie ».

Texte 1 : Guy de Maupassant (1850-1893), Bel-Ami, 1885 (Partie I, chapitre 2)

Il parla avec une certaine verve hâbleuse, excité par le vin et par le désir de plaire, il raconta des anecdotes de régiment, des traits de la vie arabe, des aventures de guerre. Il trouva même quelques mots colorés pour exprimer ces contrées jaunes et nues, interminablement désolées sous la flamme dévorante du soleil.

Toutes les femmes avaient les yeux sur lui. Mme Walter murmura de sa voix lente : « Vous feriez avec vos souvenirs une charmante série d’articles. » Alors Walter considéra le jeune homme par-dessus le verre de ses lunettes, comme il faisait pour bien voir les visages. Il regardait les plats par-dessous.

Forestier saisit le moment :

« Mon cher patron, je vous ai parlé tantôt de M. Georges Duroy, en vous demandant de me l’adjoindre pour le service des informations politiques. Depuis que Marambot nous a quittés, je n’ai personne pour aller prendre des renseignements urgents et confidentiels ; et le journal en souffre. »

Le père Walter devint sérieux et releva tout à fait ses lunettes pour regarder Duroy bien en face. Puis il dit : « Il est certain que M. Duroy a un esprit original. S’il veut bien venir causer avec moi, demain à trois heures, nous arrangerons ça. »

Puis, après un silence, et se tournant tout à fait vers le jeune homme :

« Mais faites-nous tout de suite une petite série fantaisiste sur l’Algérie. Vous raconterez vos souvenirs ; et vous mêlerez à ça la question de la colonisation, comme tout à l’heure. C’est d’actualité, tout à fait d’actualité, et je suis sûr que ça plaira beaucoup à nos lecteurs. Mais dépêchez-vous. Il me faut le premier article pour demain ou après-demain, pendant qu’on discute à la Chambre, afin d’amorcer le public. »

Mme Walter ajouta, avec cette grâce sérieuse qu’elle mettait en tout et qui donnait un air de faveurs à ses paroles :

« Et vous avez un titre charmant : Souvenirs d’un chasseur d’Afrique, n’est-ce pas, monsieur Norbert ? »

Le vieux poète, arrivé tard à la renommée, détestait et redoutait les nouveaux venus. Il répondit d’un air sec :

« Oui, excellent, à condition que la suite soit dans la note, car c’est là la grande difficulté ; la note juste, ce qu’en musique on appelle le ton. » Mme Forestier couvrait Duroy d’un regard protecteur et souriant, d’un regard de connaisseur qui semblait dire : « Toi, tu arriveras. » Mme de Marelle s’était, à plusieurs reprises, tournée vers lui, et le diamant de son oreille tremblait sans cesse, comme si la fine goutte d’eau allait se détacher et tomber.

Texte 2 : Marivaux (1688-1763), La Vie de Marianne (1731-1741) (Première partie, 1)

Tenez, Marianne, me disait-elle, à votre place, je sais bien comment je ferais ; car, puisque vous ne possédez rien, et que vous êtes une pauvre fille qui n’avez pas seulement la consolation d’avoir des parents, je prendrais d’abord tout ce que M. de Climal me donnerait, j’en tirerais tout ce que je pourrais : je ne l’aimerais pas, moi, je m’en garderais bien ; l’honneur doit marcher le premier, et je ne suis pas femme à dire autrement, vous l’avez bien vu ; en un mot comme en mille, tournez tant qu’il vous plaira, il n’y a rien de tel que d’être sage, et je mourrai dans cet avis. Mais ce n’est pas à dire qu’il faille jeter ce qui nous vient trouver ; il y a moyen d’accommoder tout dans la vie. Par exemple, voilà vous et M. de Climal ; eh bien faut-il lui dire : Allez-vous en ? Non, assurément : il vous aime, ce n’est pas votre faute, tous ces bigots n’en font point d’autres. Laissez-le aimer, et que chacun réponde pour soi. Il vous achète des nippes prenez toujours, puis qu’elles sont payées ; s’il vous donne de l’argent, ne faites pas la sotte, et tendez la main bien honnêtement, ce n’est pas à vous à faire la glorieuse. S’il vous demande de l’amour, allons doucement ici, jouez d’adresse et dites-lui que cela viendra ; promettre et tenir mène les gens bien loin. Premièrement, il faut du temps pour que vous l’aimiez ; et puis, quand vous ferez semblant de commencer à l’aimer, il faudra du temps pour que cela augmente ; et puis quand il croira que votre cœur est à point, n’avez-vous pas l’excuse de votre sagesse. Est-ce qu’une fille ne doit pas se défendre ? N’a-t-elle pas mille bonnes raisons à dire aux gens ? Ne les prêche-t-elle pas sur le mal qu’il y aurait ?

Pendant quoi le temps se passe, et les présents viennent sans qu’on les aille chercher, et si un homme à la fin fait le mutin, qu’il s’accommode, on sait se fâcher, aussi bien que lui, et puis on le laisse là ; et ce qu’il a donné est donné pardi ! Il n’y a rien de si beau que le don ; et si les gens ne donnaient rien, ils garderaient donc tout ! oh ! s’il me venait un dévot qui m’en contât, il me ferait des présents jusqu’à la fin du monde avant que je lui dise : Arrêtez-vous !

Texte 3 : Honoré de Balzac (1799-1850), La Peau de chagrin, 1831 (Partie II, chapitre 2)

Alors, je lui racontai brièvement et ma vie et mes espérances.

Il se mit à rire, me traita d’homme de génie, de sot, d’enfant. Sa voix gasconne, son expérience du monde, l’opulence qu’il devait à son savoir-faire agirent sur moi d’une manière irrésistible.

Il me fit mourir à l’hôpital, méconnu comme un niais, conduisit mon propre convoi, me jetant dans le trou des pauvres. Il me parla de charlatanisme. Avec cette verve aimable qui le rend si séduisant, si entraînant, il me montra tous les hommes de génie comme des charlatans, et me déclara que j’avais un sens de moins, une cause de mort, si je restais, seul, rue des Cordiers. Je devais aller dans le monde, égoïser adroitement, habituer les gens à prononcer mon nom et me dépouiller moi-même de l’humble monsieur qui messeyait à un grand homme de son vivant.

— Les imbéciles, s’écria-t-il, nomment ce métier-là, intrigue, les gens à morale le proscrivent sous le mot de vie dissipée. Ne nous arrêtons pas aux hommes, interrogeons les choses et les résultats ? Tu travailles, toi ? tu ne feras rien !

La dissipation, mon cher, est un système politique. La vie d’un homme occupé à manger sa fortune devient souvent une spéculation. Il place ses capitaux, en amis, en plaisirs, en protecteurs, en connaissances... Un négociant risque-t-il un million ? pendant vingt ans, il ne dort, ni ne boit, ni ne s’amuse, il couve son million, il le fait trotter par toute l’Europe ; il s’ennuie, se donne à tous les démons que l’homme a inventés ; puis, une faillite le laisse sans un sou, sans un nom, sans un ami. Le dissipateur lui, s’amuse à vivre, à faire courir ses chevaux ; et si, par hasard, il perd ses capitaux, il a la chance d’être nommé receveur général, de se marier, d’être attaché à un ministre, à un ambassadeur... Il a encore des amis, une réputation, et toujours de l’argent.... Connaissant les ressorts du monde, il les fait jouer à son profit. Est-ce logique, ou suis-je fou ? N’est-ce pas la moralité de la comédie qui se voit tous les jours dans le monde ?

— Ton ouvrage est achevé, reprit-il après une pause. Tu as un talent immense !... Eh bien ! ce n’est rien. Voilà le point de départ. Il faut maintenant faire ton succès toi-même, cela est plus sûr. Tu iras conclure des alliances avec les coteries, conquérir des prôneurs... Moi, je veux me mettre de moitié dans ta gloire, être le bijoutier qui aura monté ton diamant.

L’explication de texte orale fait appel à un certain nombre de compétences spécifiques que nous allons aborder ci-après.

A. Situer le passage

Le texte que vous avez à expliquer est toujours extrait d’une œuvre plus longue (même s’il s’agit d’un poème, il est extrait d’un recueil poétique !). C’est pourquoi il convient de le situer. Cette première phase de l’introduction varie selon qu’il s’agit d’un texte extrait d’un groupement ou d’une œuvre complète.

Exemple : Maupassant, Bel-Ami (texte 1 p. 257)

On ne présentera pas cet extrait de Bel-Ami de Maupassant de la même manière selon qu’il est étudié dans le cadre du groupement de textes, « L’entrée dans la vie » ou de l’œuvre complète.

B.Définir les axes de lecture (lecture méthodique)

Un axe est une piste de lecture, un centre d’intérêt du texte, par exemple un thème-clef ou encore une particularité stylistique. Les axes (généralement 2 ou 3) s’attachent à des aspects du textes particulièrement marquants ou caractéristiques du passage : demandez-vous ce qui fait sa spécificité.

Il n’est pas nécessaire que ces axes permettent un commentaire exhaustif du texte. La lecture méthodique s’appuie en effet sur des choix de lecture.

Exemples :

Maupassant, Bel-Ami (texte 1, p. 257).
Nous considérerons cette fois ce texte comme un extrait d’une œuvre complète.

  • [présentation et situation du texte]
  • [choix de la méthode] Nous ferons de ce texte une lecture méthodique suivant 2 axes.
  • [annonce des axes]
    • axe 1 : nous montrerons d’abord que la soirée chez Forestier est pour Georges Duroy l’occasion de se faire valoir
    • axe 2 : puis nous verrons que ce passage est important parce que Maupassant y présente la galerie des personnages qui joueront un rôle dans l’ascension sociale de Duroy. C’est pourquoi cet extrait marque la fin des pages d’exposition.

Marivaux, La Vie de Marianne (texte 2, p. 258).
Nous ferons de ce texte une lecture méthodique selon 2 axes :

  • axe 1 : nous nous interrogerons sur la dimension théâtrale du texte, en analysant la manière dont Marivaux mêle langue soignée et langue populaire
  • axe 2 : nous verrons en quoi consistent les leçons et la morale amoureuses de Mme Dutour.

C.Analyser le plan du texte (explication linéaire)

Analyser le plan du texte consiste à faire un découpage cohérent du passage en plusieurs grandes parties pour chacune desquelles on proposera un titre. On montrera aussi comment les différentes parties du texte s’articulent entre elles.

Pour procéder au découpage du texte, on s’appuiera essentiellement sur :

  • les paragraphes (ou les strophes)
  • les mots de liaison
  • le sens : thèmes abordés successivement
  • le raisonnement (pour un texte argumentatif).
Exemple :

Balzac, La Peau de chagrin (texte 3, p. 259).
Situation du texte : Raphaël, jeune protagoniste de La Peau de chagrin de Balzac, espère réussir dans la vie à force de travail ; il rêve d’être un écrivain célèbre. Afin de se consacrer entièrement à son ouvrage, il vit dans l’isolement et la pauvreté. Il rencontre un jour un ancien ami, Eugène de Rastignac, qui est parvenu à faire fortune rapidement. Rastignac donne une leçon d’arrivisme à Raphaël.

Plan :

  • lignes 1-4 : introduction (récit de Raphaël + réaction de Rastignac)
  • lignes 5-40 : les conseils de Rastignac s’ordonnent selon le plan suivant :
    • lignes 5-10 : Rastignac critique les choix de Raphaël
    • lignes 10-17 : conseils généraux
    • lignes 18-31 : conseils particuliers/comment procéder concrètement ?
  • lignes 32-37 : conclusion -> il faut agir ; Rastignac propose son aide.

D.Mener l’explication de détail

Le principal écueil est ici la paraphrase. Elle consiste à répéter, moins bien que l’auteur, ce que dit le texte (bannissez les formule du type « l’auteur dit que... »).

Comment éviter la paraphrase ? En partant toujours de l’analyse formelle (lexique, syntaxe*, répétitions, antithèses*, figures* de style, versification*, rythme, etc.) pour en déduire :

  • l’effet recherché,
  • le sens.

Cette démarche est celle du sujet II ou commentaire littéraire. Vous pouvez donc vous référer aussi à ce chapitre. Les exercices écrits que vous ferez pendant l’année enrichiront vos compétences pour l’épreuve orale et inversement.

Exemple :

Voir en fin de séquence l’explication du texte 1 (p. 267) et celle du texte 2 (p. 264).

E.Élargir la perspective de l’explication en fin de conclusion

Si le texte est extrait d’un groupement : l’élargissement peut consister en une comparaison rapide avec les autres extraits.

Exemple :

Balzac, La Peau de chagrin, (texte 3, p. 259)
Dans cet extrait de La Peau de chagrin, Balzac joue sur le contraste entre deux figures que l’on retrouve fréquemment dans les textes de notre groupement ainsi que dans les romans dits de formation ou d’initiation : l’initiateur et l’initié (ou encore le maître et l’élève). Le même couple initiateur/initié se retrouve par exemple dans le texte de Marivaux, extrait de La Vie de Marianne : Mme Dutour et Marianne. Mais alors que Marivaux a choisi de confronter des personnages d’âge différent (Marianne est une toute jeune fille, alors que Mme Dutour, femme d’expérience, est d’âge mûr), la leçon de Rastignac a d’autant plus de force qu’elle est présentée par un jeune homme du même âge que Raphaël. Le contraste entre la réussite et l’anonymat n’en est que plus frappant.

L’examen méthodique d’un texte littéraire s’organise selon la démarche suivante :

  • Repérages préliminaires :
    • lire le texte,
    • analyser le paratexte,
    • identifier le genre et le type.
    En déduire les premières hypothèses de sens.
  • Analyse du texte :
    • utiliser les outils d’analyse textuelle,
    • en déduire les hypothèses de lecture,
    • classer et hiérarchiser ces hypothèses.
  • L’organisation de l’explication : Le plan de l’explication de texte se déduit :
    • soit de la structure du texte (explication linéaire),
    • soit du regroupement des hypothèses de lecture en axes (ou centres d’intérêt).

4.Conseils pratiques

A. Explication linéaire ou lecture méthodique ?

Les deux démarches sont toujours possibles, mais certains textes se prêtent mieux à une lecture méthodique (par exemple les textes n’ayant pas un plan très rigoureux), d’autres à une explication linéaire (par exemple les textes argumentatifs).

Dans la pratique, il est plus facile d’éviter l’écueil de la paraphrase en choisissant la lecture méthodique. En effet, la tentation est grande, lorsqu’on étudie le texte ligne par ligne de répéter ce que dit l’auteur et non d’analyser. La réorganisation de votre discours selon les axes du commentaire dans la lecture méthodique vous oblige à prendre plus de distance !

Exemple :

Balzac, La Peau de chagrin (texte 3, p. 259).
Ce qui fait l’originalité et la force du texte, c’est moins le contenu (on retrouve dans les conseils formulés ici par Rastignac des remarques qui figurent par ailleurs dans de nombreux romans du xixe siècle centrés sur le thème de l’arrivisme) que le ton à la fois enlevé et provocateur de l’argumentation de Rastignac. En choisissant l’explication linéaire, on risque, soit de passer sous silence cette dimension essentielle du texte, soit de se perdre dans des redites. La lecture méthodique permet une démarche plus habile, qu’illustrent les deux axes de lecture proposés ci-dessous :

  • axe 1 : l’initiation de Raphaël ou les leçons de Rastignac
  • axe 2 : l’argumentation enjouée et provocatrice de Rastignac permet indirectement à Balzac de faire un portrait moral de son personnage.

B.Prendre des notes

Vous aurez à prendre en note une explication de texte en deux occasions différentes :

En classe, lors de l’étude des textes :

  • prenez des notes aussi précises que possible, qui fassent référence au texte étudié (relevez les mots-clefs, indiquez les lignes ou les paragraphes concernés par la remarque...)
  • relisez vos notes chez vous et complétez-les de mémoire
  • soulignez ou encadrez les passages importants
  • vérifiez que vos notes sont lisibles et compréhensibles

À l’examen, lors des 20 minutes de préparation : Les notes prises lors de l’examen vous serviront à présenter oralement votre explication. Elles ne doivent pas être rédigées (vous risqueriez de lire l’explication, au lieu d’exposer votre analyse) mais mettre en évidence les éléments-clefs du commentaire. Elles doivent être claires, aérées, lisibles. Elles peuvent se présenter de la manière suivante :

Notes d’explication de texte, Marivaux, La vie de Marianne, (texte 2, p. 258).

  • Introduction
    • Situation du passage : La Vie de Marianne = roman du xviiie siècle, s’inscrivant dans la tradition du libertinage
    • Marivaux : surtout auteur de théâtre, il a donné son nom au « marivaudage »
    • Marianne : jeune orpheline, recommandée à M. de Climal (vieux dévot) qui la confie à Mme Dutour, une lingère
    • Marianne comprend peu à peu que M. de Climal cherche à la séduire pour faire d’elle sa maîtresse -> Mme Dutour conseille à Marianne de profiter de la situation
  • Lecture du passage :
    • Lecture méthodique 2 axes :
      • 1. Dimension théâtrale du texte : association langue soignée/langue populaire
      • 2. Leçons de Mme Dutour
  • Étude de détail
    • Axe 1 : La Vie de Marianne = roman, mais Marivaux utilise tout son savoir-faire de dramaturge pour faire « parler » la lingère.
      • 1. Langue soutenue <- argumentation rigoureuse (rhétorique de l’argumentation) :
        • liens logiques (ligne 2),
        • discours indirect libre (ligne 19 et suiv.).
      • 2. Mais aussi langue orale et populaire reconstituée comme dans un dialogue de théâtre (cf. les valets et servantes de théâtre) :
        • mots familiers (« nippes », ligne 14, « pardi », ligne 29),
        • tournures syntaxiques familières (lignes 7-8 , lignes 16-17),
        • emploi de maximes (très nombreuses ; les plus frappantes sont ligne 6, ligne 8, lignes 18-19, lignes 29-30),
        • style « oral » : cf. théâtre = oral reconstitué.
        -> discours populaire reconstitué qui fait penser aux dialogues des servantes et valets de théâtre ; très vivant en dépit de sa longueur.
    • Axe 2 : les leçons de Mme Dutour
      • discours initiatique : femme mûre/jeune fille
      • conseils :
        • 1. profiter - cf. champ lexical (« prendrais, tirerais, prenez toujours, tendez la main, prendre/donner ») = tirer profit matériel des attentions de M. de Climal
        • 2. ne pas donner :
          • « ne pas aimer », afin de ne pas s’engager affectivement
          • « laissez-le aimer », passivité
          • « promettre »/« tenir », donner l’illusion de l’amour, tromper
          = Il s’agit de recettes pour gagner du temps
      • discours cynique sur la vertu des femmes : Mme Dutour insiste sur cette vertu (ligne 20 et suiv.) mais prône une conduite immorale.
  • Conclusion
    • bilan : dimension théâtrale du texte ; un monologue ? l’amour comme jeu <- une forme du marivaudage ; mais la leçon de Mme Dutour va plus loin : jeu -> profit
    • ouverture : couple initiateur / initié (roman d’initiation) ; l’originalité du texte : il s’agit de l’initiation d’une jeune fille (et non d’un jeune homme, comme c’est habituellement le cas).

La prise de notes pendant l’année :

  • aussi précise et riche que possible,
  • aérée (pensez à sauter des lignes, à laisser une marge pour rajouter des remarques personnelles),
  • notez les mots-clés, mettez-les en relief (à l’aide d’un surligneur fluorescent),
  • indiquez clairement les étapes de l’explication (introduction – explication de détail et axes – conclusion).

La prise de notes à l’examen :

  • plus sommaire : allez à l’essentiel,
  • aérée, sur un seul côté de la feuille de brouillon,
  • indiquez surtout les mots-clés : ce sont les termes qu’il ne faut pas oublier de dire,
  • très structurée : numérotez vos étapes, soulignez les titres pour vous y retrouver plus facilement.

Remarque : Abréviations et signes : la prise de notes est un acte personnel. Personnalisez votre prise de notes en créant vos abréviations et vos signes.

C.Lire le texte à haute voix

La lecture à haute voix du texte que vous allez expliquer est une phase très importante de votre prestation orale : il ne faut donc ni l’oublier, ni la négliger.

Quand lire le texte ?

Dans l’introduction, immédiatement après la présentation de l’extrait et avant d’annoncer vos axes de lecture.

Remarque : Ne commencez pas d’emblée par la lecture, le texte doit d’abord être présenté !

Pourquoi lire le texte ?

Par la lecture du texte, vous devez montrer à l’examinateur que vous avez bien compris le contenu du passage, sa structure et ses enjeux. Une bonne lecture est déjà une forme d’interprétation et donc d’explication.

Comment bien lire ?
  • N’allez pas trop vite, prenez le temps de respirer entre les phrases et les différents groupes de souffle. Respectez les pauses que suggère la ponctuation. Remarque : La lecture du texte est le moment de vaincre votre anxiété et de vous concentrer pour le travail d’explication qui va suivre. Elle constitue un moment de répit où vous avez l’occasion de vous calmer et d’assurer votre voix. Le travail de respiration peut vous y aider.
  • Pensez aux liaisons.
  • Insistez sur les mots-clefs : ils montrent que vous avez compris le sens du texte (pensez à accentuer les connecteurs logiques, les mots que la ponctuation ou la syntaxe mettent en valeur et tout autre mot que vous jugez important).
  • Pendant l’année :
    • vérifiez tous les mots que vous ne connaissez pas dans le dictionnaire, cela vous évitera de buter à l’oral
    • entraînez-vous, aussi souvent que possible, à lire oralement, devant vos camarades.
  • À l’examen : pensez au sens du texte pendant que vous lisez et au message que l’auteur veut faire passer. Cela vous aidera à trouver le ton juste !

Attention : n’en faites pas trop, votre lecture doit rester sobre. Pas d’élans de voix et d’excès de lyrisme !

Remarque : L’examinateur interrompra peut-être votre lecture : ne vous en inquiétez pas. Les textes sont parfois longs et il peut vouloir gagner du temps pour l’explication et l’entretien.

D.Construire l’explication orale à partir de vos notes

Vous aurez, pendant 15 à 20 minutes, pris des notes d’explication de texte. Ces notes doivent vous permettre de présenter et de commenter oralement le texte pendant 10 minutes environ.

Attention : il ne faut pas lire vos notes, mais construire un discours organisé et cohérent à partir de ces quelques repères !

Exemple :

Si nous reprenons l’exemple du passage extrait de La Vie de Marianne (texte 2, p. 258) et le canevas de prise de notes ci-dessus, vous pourriez tenir le discours suivant (Axe 1, point 1).

« La Vie de Marianne est un roman, mais Marianne utilise tout son savoir-faire de dramaturge (ou d’auteur de théâtre) pour faire parler la lingère, donc pour introduire un effet de réel. Certes, la langue employée est soutenue, comme en témoigne la présence d’une argumentation rigoureuse qui développe une véritable rhétorique de l’argumentation… »

N’oubliez pas que l’examinateur vous interrompra peut-être pour poser une question, demander une précision, ou recentrer votre analyse. Cette interruption ne doit pas vous faire perdre le fil de votre discours. Prévoyez des repères suffisamment clairs sur votre brouillon pour pouvoir vous y retrouver à quelque moment de l’explication que ce soit. Mettez en valeur (soulignement, surligneur fluorescent) les grandes étapes de votre prise de notes !

5.Lecture méthodique dans le cadre de l’œuvre complète

Lisez avec attention l’explication de texte ci-dessous et repérez, au fil de cette lecture, les compétences que nous venons d’examiner.

Exemple :

Maupassant, Bel-Ami (texte 1, p. 257)

  • Introduction
    • situation : Lors de la soirée chez Forestier, les convives viennent à parler d’un sujet d’actualité, la colonisation de l’Algérie. Or Georges Duroy a séjourné 28 mois dans les trois provinces d’Alger, Oran et Constantine (cette information est donnée quelques lignes plus haut ; ne pas hésiter à citer le passage). Demeuré silencieux jusqu’alors, il va pouvoir prendre part à la conversation.
    • Lecture du passage
    • Ce passage est un temps fort du roman ; la soirée chez Forestier est la première étape dans l’ascension de Duroy : il entre pour la première fois en contact avec des gens qui possèdent la fortune et le pouvoir qu’il rêve de conquérir. Nous ferons de ce texte une lecture méthodique suivant 2 axes :
      • Axe 1 : nous verrons d’abord que la soirée chez Forestier est pour Duroy l’occasion de se faire valoir
      • Axe 2 : nous montrerons ensuite que ce passage est important parce que Maupassant présente les personnages qui joueront un rôle dans l’ascension de Duroy - et dans le roman. C’est la fin des pages d’exposition.
  • Étude de détail
    • Axe 1 : dans ce texte, Maupassant met l’accent sur les atouts personnels de Duroy, qui permettent au personnage de se faire valoir.
      • 1. Duroy saisit la chance de se mettre en avant au bon moment : il avait gardé le silence durant le repas parce qu’il ignorait tout du journalisme et de la finance. Mais au moment opportun, lorsqu’il est question de la colonisation de l’Algérie où il a séjourné 28 mois, il prend la parole et réussit à retenir l’attention et l’intérêt des convives. L’opportunisme est un des atouts majeurs de Duroy dans le roman.
      • 2. Duroy est un beau parleur, il est doué d’une éloquence facile, que Maupassant qualifie de « certaine verve hâbleuse » : les mots coulent, brillants et accrocheurs. Duroy se surpasse pour deux raisons : son euphorie provient à la fois de l’alcool (« excité par le vin ») et de « son désir de plaire » (ligne 2). Son récit est bien tourné et se révèle une réussite : il varie ses sujets et ses effets ; pour amuser les convives, ou pour les étonner, « il raconta des anecdotes de régiment », « des aventures de guerre ». Pour piquer la curiosité, il rapporte « des traits de la vie arabe » (lignes 3-4) avec des « mots colorés » (lignes 4-5) soulignant le pittoresque et l’exotisme des contrées dont il parle. Notons l’ironie de Maupassant : il se moque de son personnage, Duroy, qui utilise des images faciles, des clichés, comme « les contrées jaunes et nues ». Cette ironie est particulièrement sensible dans la phrase « il trouva même quelques mots colorés... », où Maupassant feint de faire l’éloge de Duroy. Mais cette ironie vise surtout les auditrices : « toutes les femmes avaient les yeux sur lui » (ligne 6), à l’affût de toute nouveauté capable de pimenter leur existence blasée. L’originalité superficielle de Duroy leur plaît (cf. ligne 19 : « il est certain que M. Duroy a un esprit original »).
      • 3. Le troisième atout de Duroy est donc sa faculté de plaire aux femmes : à partir de ce moment, toutes les 4 femmes présentes (Mme Walter, Mme de Marelle, Mme Forestier et Laurine) sont sous son charme.
        • Mme Walter ne cache pas son intérêt pour Duroy ; elle connaît bien le journal et elle a l’intuition que Duroy pourrait être un bon collaborateur. C’est elle qui lui met le pied à l’étrier en faisant miroiter à M. Walter une « charmante série d’articles » ; c’est elle aussi qui écarte les premières difficultés d’écriture en proposant un titre.
        • Mme Forestier voit en lui quelqu’un qu’elle pourra guider et diriger : « Mme Forestier couvrait Duroy d’un regard protecteur. »
        • Mme de Marelle montre que Duroy lui plaît et qu’elle est sensible à son charme (ligne 39). Mme Forestier et Mme de Marelle, par leurs regards, lui donnent de l’assurance et de la confiance. Quant à Laurine, qui n’intervient pas directement dans l’extrait, elle a été conquise durant la soirée. C’est elle qui le surnomme Bel-Ami. La réaction des femmes confirme ce que Forestier avait remarqué dans le chapitre premier : « tu as vraiment du succès auprès des femmes » (ne pas hésiter, dans une lecture méthodique, à faire référence à d’autres passages du roman, pour enrichir la compréhension du texte que vous expliquez). Chacune des trois femmes que Duroy vient de séduire favorisera son ascension sociale, chacune sera un tremplin vers la fortune, la gloire et la puissance. Elles tissent un cocon protecteur qui le met à l’abri de l’envie et de la jalousie : l’intervention venimeuse de Norbert de Varenne, le vieux poète, n’a aucun effet.
    • Axe 2 : Maupassant fait une rapide esquisse de la galerie de personnages qui joueront un rôle prépondérant dans l’ascension de Duroy.
      • 1. L’art de Maupassant consiste à faire un bref croquis de ses personnages : il isole un détail significatif, qui suffit à les caractériser.
        • Mme Walter : fille de banquier, elle est une personne bien élevée, sage, pondérée ; elle est caractérisée par sa « voix lente » (ligne 7) et « sa grâce sérieuse » (ligne 29).
        • M. Walter : il est caractérisé par le jeu des lunettes, véritable tic qui lui donne contenance (ligne 9, ligne 17) d’homme d’affaires influent.
        • Mme Forestier : l’esquisse du personnage est dominée par l’importance de son regard et de son sourire (ligne 37).
        • Mme de Marelle : elle a le goût du luxe et de la sensualité (cf. l’appel érotique de s)
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