L'Encyclopédie
1:Historique
L’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et métiers, par une
société de gens de lettres est un énorme chantier, un projet extraordinaire, visant à
rassembler toutes les connaissances et les idées d’un siècle.
À l’origine du projet, se trouve le libraire parisien Le Breton, qui désire faire
traduire les deux volumes de la Cyclopedia or universal dictionary of the arts and
sciences de Chambers. Il s’adresse alors à Diderot, puis à d’Alembert. Sous la direction
de Diderot, le projet prend une tout autre tournure, bien plus ambitieuse. Avec l’aide de
collaborateurs nombreux, l’homme s’attelle à une tâche immense pour faire le tour des
sciences, arts et techniques.
Malgré le privilège royal obtenu en 1748, Diderot est bientôt incarcéré à la suite de
sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient. Libéré grâce à l’intervention
des libraires, il publie un Propectus indiquant les intentions de l’ouvrage et les conditions
de souscription. En 1751, paraissent les deux mille cinquante exemplaires du premier volume,
avec le Discours préliminaire écrit par d’Alembert. Aussitôt, les jésuites* et les jansénistes
font cabale contre le projet. Surtout, ils s’en prennent à l’abbé de Prades, dont les thèses
semblent hérétiques. Les premiers volumes sont alors supprimés par arrêt du conseil du roi.
Mais grâce à Malesherbes et à Mme de Pompadour, le projet peut discrètement reprendre. En 1754,
d’Alembert est reçu à l’Académie française. Une seconde crise survient à l’occasion de l’article
sur Genève en 1757. Le pape condamne l’Encyclopédie. Le Conseil du roi, par ses décisions, ruine
le projet : d’Alembert, épuisé, démissionne. Mais Diderot persévère. Continuant, infatigable, son
travail, dans une quasi-clandestinité, il doit encore répondre aux injures. Dernier coup dur, en
1764, il constate que Le Breton a de lui-même censuré de nombreux articles. En 1766 sont publiés
les dix derniers volumes, et six ans plus tard, paraissent les dernières planches d’illustration.
2:Collaborateurs
Les dix-sept volumes in-folio, les onze volumes de planches, les cinq de suppléments et les
deux de tables ont nécessité pas moins de cinquante collaborateurs, comptant parmi les meilleurs
esprits du temps : Diderot, bien sûr, qui, outre le travail de direction, a rédigé plus de mille
articles divers, et d’Alembert qui, en plus de son fameux article « Genève », s’occupe des articles
de mathématique et de physique. Holbach traite les sciences et l’histoire naturelles, Dumarsais,
la grammaire. Le chevalier de Jaucourt, outre son secours financier, apporte à l’ensemble plus de
dix-sept mille articles ! L’abbé de Prades, parmi d’autres, s’occupe de la théologie, Turgot de
l’économie politique, Marmontel, de la critique littéraire, Condillac et Helvétius, de la philosophie,
Rousseau de la musique. Par ailleurs, plusieurs grands noms donnent à l’occasion un ou plusieurs
articles : « Histoire », « Imagination », « Esprit » rédigés par Voltaire, et « Goût » par Montesquieu.
Les collaborateurs se recrutent parmi le camp des philosophes et de leurs sympathisants, hommes
de lettres, hommes de science, hommes du monde, hommes de métier. Ils viennent d’horizon divers, et
ne sont pas forcément athées comme d’Holbach, mais ils ont tous en commun une certaine idée de
l’Homme et de sa dignité.
3:Philosophie de l'ouvrage
Il s’agit de faire un inventaire raisonné des connaissances humaines, en faisant une large place
aux sciences et techniques. L’Encyclopédie est à la fois un acte de foi dans la raison et dans le
progrès, et une machine de guerre pour diffuser la pensée des philosophes, notamment sur tous ces
sujets sensibles et stratégiques, comme la religion, la politique, l’économie. En tout cela,
l’Encyclopédie mène un combat à la fois scientifique et moral contre l’ignorance et l’obscurantisme,
ennemis des Lumières. Il n’est que d’écouter la voix de Diderot, définissant lui-même son projet,
dans l’article « Encyclopédie » :
« Le but d’une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la
terre ; d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux
hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été des
travaux inutiles pour les siècles qui succèderont ; que nos neveux devenant plus instruits,
deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir
bien mérité du genre humain. »
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