Fiches de Cours > Lycée > Français > Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire

Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire

1:Présentation

Le xviiie siècle est un siècle de dictionnaires. Mais le Dictionnaire historique et critique de Bayle lui semble trop érudit, et l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, trop volumineuse et trop prudente : Voltaire entreprend alors, reprenant une idée lancée à la cour de Frédéric II, de composer un Dictionnaire philosophique portatif, qui paraît sans nom d’auteur, imprimé clandestinement à Genève. Il évite ainsi la censure, et niant plaisamment toute paternité concernant « cet abominable petit dictionnaire », il attise la curiosité, le succès et le scandale.

C’est un compte-rendu, écrit Voltaire, « par ordre alphabétique, de tout ce que je dois penser sur ce monde-ci et sur l’autre, le tout pour mon usage, et peut-être après ma mort, pour l’usage des honnêtes gens ». Il est vrai que cet ouvrage semble un dictionnaire de théologie, ou plutôt d’anti-théologie. L’ennemi à écraser, c’est « l’Infâme », qu’il poursuit de la sorte : « je me suis fait, dit-il, un petit tribunal assez libre où je fais comparaître la superstition, le fanatisme, l’extravagance et la tyrannie ». Le livre, cet abrégé des idées de l’auteur, est moins un dictionnaire philosophique écrit par Voltaire qu’un Tout Voltaire en dictionnaire portatif.

2:Analyse

Les cent dix-huit articles, d’ « Abbé » jusqu’à « Vertu », en passant par « Liberté » et « Papisme », sont donc un drolatique et violent pamphlet. Voltaire y propose une histoire critique du christianisme, pour mettre en évidence l’incohérence et le ridicule des dogmes et croyances, qui le conduisent à cette définition polémique, quoique justifiée : « la foi consiste à croire ce que la raison ne croit pas ». Pour autant, il ne nie pas l’existence de Dieu, au contraire : « si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer », ne serait-ce que pour fonder la morale. Au fond, Voltaire combat la tradition judéo-chrétienne au nom d’une foi profondément déiste. Il pose les questions délicates du mal, du déterminisme*, et de la liberté.

« Malheur aux longues dissertations », dit Voltaire. Les formes brèves, il est vrai, lui conviennent à merveille. Son style incisisif, ironique, s’y déploie avec bonheur. La variété des articles qui se présentent souvent sous la forme d’anecdotes, de dialogues, ou de pensées vives, ayant pour but d’intriguer, d’amuser, d’indigner, d’instruire, et d’émouvoir, permet de lire l’ouvrage d’un trait, sans jamais s’ennuyer : voilà pour un dictionnaire un mérite assez rare.

xs
sm
md
lg