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Boule de suif de Maupassant

1. Présentation

Dans sa villa de Médan où Zola réunit ses amis, se constitue un groupe littéraire, qui aboutit en 1880 à la publication des Soirées de Médan, dont la préface constitue un véritable manifeste du naturalisme naissant. Six nouvelles sur le sujet commun de la guerre de 1870 composent le recueil, toutes écrites par les membres du groupe, Zola, Maupassant, Huysmans, Céard, Hennique, Alexis. La nouvelle la plus fameuse de l’ensemble est celle de Guy de Maupassant, Boule de Suif, qui fait du jeune poulain de Flaubert, d’un seul coup, un auteur majeur, dans tous les sens de ce terme, en son siècle.

L’histoire est celle d’une jeune prostituée, Boule de suif, enjouée et guillerette. Tandis que les Prussiens envahissent la France, elle se retrouve dans une diligence, entourée de « bons » bourgeois, qui s’offusquent de sa présence parmi eux. Toutefois, la générosité de la jeune femme parvient à charmer la compagnie. Mais un officier prussien arrête la diligence, et retient prisonniers tous ses voyageurs dans une auberge. À leur libération il met une condition expresse : que Boule de Suif lui accorde ses faveurs. Indignée, celle-ci refuse tout d’abord. Mais la pression des autres la pousse au sacrifice et au don de soi. Lorsque les voyageurs repartent enfin, elle ne recueille, pour toute gratitude, que le mépris de ceux qu’elle a sauvés.

2. Analyse

Boule de Suif est le personnage éponyme* de cette nouvelle. « Petite, ronde de partout, [...] elle restait appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. » C’est une fille courageuse et patriote. Ce corps qu’on dit souillé abrite une âme d’enfant. Indignée par l’exigence du soldat, elle est plus humiliée encore par le mépris des autres, qui la considèrent, malgré le sacrifice accompli pour eux, comme « une chose malpropre et inutile ». Les voyageurs ingrats et égoïstes, ces femmes mariées, ces religieuses, à cet amour vénal, opposent la splendeur hypocrite de leur amour légal ou divin. L’une des religieuses déploie même toute sa casuistique* fallacieuse pour convaincre Boule de Suif d’accepter l’avilissement.

« Un chef-d’œuvre de composition, de comique et d’observation », disait Flaubert. De comique, certes, mais alors un comique noir et cruel, que n’adoucissent guère les larmes amères, qui roulent sur les joues rebondies de Boule de Suif, dans les ténèbres.

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