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Monnaies et banques

Introduction

La monnaie est apparue pour répondre à un besoin. Elle visait à pallier l'impossibilité d'effectuer tous les échanges directs. Le troc en effet limite les échanges puisqu'il necessite la coincidence des besoins des individus. En outre, il pose le problème de l'estimation des valeurs des marchandises. Il limite donc l'échange et le pourcentage du travail.C'est pour éviter ces inconvénients qu'est apparu, dans chacune des périodes historiques marquées par les débuts du développement du travail. Elle a pris plusieurs formes : le sel fut utilisé en Abyssinie, la morue sèche en Terre Neuve, le cuir en Ecosse. Puis, très vite, on a donné préférence aux métaux plutôt qu'aux denrées périssables : le fer était utilisé chez les spartiates, puis l'argent et l'or.

L'utilisation de ces derniers métaux résultait de la stabilité et donc de la garantie de leur valeur. Car pour qu'il y ait une économie monétaire, ie est nécessaire que les agents aient confiance en la valeur de la monnaie...

1 La monnaie

La monnaie est souvent définie comme l'ensemble des moyens de paiement directement utilisables par des agents pour régler des transactions sur le marché des biens et services à l'intérieur d'un espace donné (un pays ou un ensemble de pays).

1.1 Les fonctions de la monnaie

Depuis Aristote, il est usuel d'attribuer à la monnaie trois fonctions :

La monnaie remplit une fonction d'unité de compte

Elle permet en effet d'exprimer en une seule et même unité tous les biens et services échangés. Par rapport à une situation de troc, l'existence d'une unité de compte facilite les échanges entre individus.

La monnaie constitue un intermédiaire des échanges

Dans une économie de troc, chaque bien échangé constitue en même temps l'intermédiaire des échanges ; le troc nécessite donc une double coïncidence des désirs d'échange entre les individus. On voit donc qu'un tel système génère des coûts de recherche de partenaire ainsi que des coûts de stockage. A la différence du troc, l'économie monétaire n'impose pas de contre-prestation immédiate en marchandises.

La monnaie exerce une fonction de réserve de valeur

La monnaie permet en effet de remettre à plus tard des décisions d'achats ou d'investissement.

1.2 La monnaie peut revêtir plusieurs formes

Les formes de la monnaie ont évolué au cours du temps, passant progressivement d'une conception matérialiste, fondée sur la valeur intrinsèque de la monnaie (pièces d'or et d'argent), à une conception nominaliste, fondée sur la valeur fiduciaire de la monnaie. Aujourd'hui les agents non financiers (ménages, entreprises, administration) disposent de deux instruments de paiement pour effectuer leurs transactions : la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.

  • La monnaie fiduciaire se compose des pièces et des billets : les billets, définis comme une créance anonyme sur la Banque centrale repose sur la confiance (fiducia) puisque sa valeur intrinsèque est très inférieure à sa valeur faciale. De même les pièces (monnaie divisionnaire) constituent aujourd'hui une monnaie fiduciaire puisque leur valeur intrinsèque est très inférieure à leur valeur faciale.(les pièces ne sont plus en or ou en argent).
  • La monnaie scripturale est constituée par l'ensemble des dépôts à vue auprès des intermédiaires financiers et se définit comme une créance sur le système bancaire. Elle circule entre les agents au moyen de chèques, de cartes bancaires, de virements et représente aujourd'hui dans les pays développés près de 80% de la masse monétaire.

1.3 La nature de la monnaie

Pour les auteurs classiques, la monnaie n'est qu'un intermédiaire des échanges, un voile. Elle est neutre car elle n'est pas demandée pour elle-même, mais pour acheter d'autres biens. Elle permet la réalisation de la loi de Jean-Baptiste Say : " les produits s'échangent contre des produits ".

Pour les keynésiens, en revanche, la monnaie n'est pas neutre, elle peut être demandée pour elle-même à des fins de précaution ou de spéculation. La demande de monnaie ne correspond donc pas nécessairement à une demande de biens ; il peut donc y avoir des crises de surproduction, ce que niaient les classiques.

2 Masse monétaire et création de monnaie

2.1 La masse monétaire

La masse monétaire est la quantité de monnaie en circulation dans l'économie. Mesurer la masse monétaire, c'est déterminer les actifs considérés comme monétaires, et depuis 1986 on se réfère à la liquidité des actifs pour les classer. Quatre agrégats composent ainsi la masse monétaire : M1, M2, M3, M4 :

  • M1 constitue la masse monétaire au sens stricte (billets, pièces, …).
  • M2 comprend M1 et les placements rémunérés, non mobilisables par chèque mais disponible à vue.
  • M3 comprend M2 et les droits en devises étrangères, des placements à terme, des titres du marché monétaire émis par les établissements de crédit. M3 est considéré comme la masse monétaire officielle.
  • M4, qui est l'ensemble des liquidités comprend M3 et l'épargne contractuelle et les titres du marché monétaire émis par les agents non financiers.

2.2 La création de monnaie

Contrairement à une idée répandue, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale, ne sont pas créées en contrepartie d'or engrangé dans les coffres de la banque de France. L'origine, c'est à dire les sources ou les contreparties de la masse monétaire, ne sont l'or et les devises que pour une faible part. Pour l'essentiel les contreparties sont des crédits à l'économie et au trésor (créances au trésor public) :

  • Les crédits à l'économie : lorsque les banques prêtent aux entreprises ou aux particuliers, elles ne le font pas à partir de dépôts, de leurs encaisses, mais elles créent la monnaie qu'elles prêtent. Ce ne sont pas les dépôts qui font les crédits, mais les crédits qui font les dépôts.
  • Les créances au trésor public : la création monétaire due aux emprunts effectués par le trésor prend essentiellement la forme d'avances monétaires faites par la banque de France. Le mouvement de création monétaire a donc pour symétrique un mouvement de destruction monétaire lors du remboursement des crédits.

Les banques compensent leurs dettes mutuelles en échangeant les chèques qu'elles détiennent les unes des autres. Cependant la compensation n'est jamais totale : c'est sur le marché interbancaire que les banques se procurent la monnaie banque centrale dont elles ont besoin pour régler une autre banque ou pour fournir la monnaie fiduciaire à un client qui en demande. Le volume de la masse monétaire n'est pas le seul élément qui intervient dans l'échange. Il faut tenir compte de la vitesse de circulation de la monnaie, c'est à dire le nombre de transactions qu'une unité monétaire peut financer dans une période donnée.

3 Les banques et leur place dans l'économie

3.1 Les grandes étapes du développement du système bancaire français

Quelques grandes dates marquent l'évolution institutionnelle du système bancaire français :

  • La loi du 2 décembre 1945 établit le principe de spécialisation bancaire, distinguant banques de dépôts et banques d'affaires.
  • Entre 1966 et 1969, les réformes " Debré-Haberer " introduisent la déspécialisation, ouvrant ainsi la voie à la déréglementation.
  • En 1982, sous le gouvernement socialiste de M. Mauroy, 36 banques sont nationalisées.
  • En 1986, le mouvement de privatisation s'amorce et touche quelques-unes des plus grandes banques. Ce mouvement sera poursuivit après 1993 avec notamment la privatisation de la BNP.

3.2 Trois catégories d'établissements sont à distinguer :

  • Les banques proprement dites, qui peuvent recevoir des dépôts à vue et à moins de deux ans (les anciennes banques de dépôts et d'affaires, les banques mutualistes, les caisses d'épargne).
  • Les sociétés financières, par exemple les sociétés de crédit-bail.
  • Les institutions financières spécialisées (crédit national, crédit foncier), habilitées à mener des missions spécifiques confiées par l'Etat.

3.3 Le rôle des banques

Les banques sont d'abord chargées d'assurer la circulation de la monnaie scripturale. Ces opérations de gestion de la monnaie constituent pour les banques une partie importante de leur activité qui leur apporte des ressources tout en occasionnant des coûts sur lesquels elles font pression par des innovations technologiques ou en faisant payer ces services.

Les banques participent également, comme on l'a vu plus haut, au processus de création monétaire par les crédits qu'elles accordent. Néanmoins lorsqu'elles accordent des crédits, les banques tiennent compte de trois types de considérations :

  • Des considérations de risque d'insolvabilité de l'emprunteur. Pour contrebalancer ce risque, elles demandent des garanties.
  • Des considérations de liquidité, la banque devant pouvoir faire face à des demandes de remboursement de ses créanciers
  • Des considérations de rentabilité qui les incitent à financer de façon privilégiée des projets à rendement élevé.
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