Le lien social et les analyses de Durkheim
Introduction
Durkheim a fait des études de philosophie (École normale supérieure). Dans sa thèse de doctorat
publiée en 1893 après dix ans de travail (De la Division du travail social), il essaie d’observer,
de décrire, d’expliquer les faits moraux. Il faut entendre par morale ce qui oriente la vie, lui
donne un sens. Quels sont les liens entre l’individu et la société, comment dans les sociétés
modernes où la compétition et l’individualisme dominent, arrive-t-on à une solidarité entre les
individus ? Sur quoi est-elle fondée ?
A. De la Division du travail social
La question fondamentale est la fonction de la division du travail. Dans les sociétés modernes où
le rôle des sciences est croissant, où l’objectif principal est économique, les anciennes formes de
solidarité ne conviennent plus. La religion perd son poids. Quelle est la nouvelle source de morale,
de légitimité qui aboutit à une société solidaire ? À travers l’étude du droit, manifestation de la
solidarité, des liens entre individus, Durkheim démontre que la division du travail a pour fonction
d’intégrer chaque individu dans un tout, le corps social et qu’elle est la source première de la
solidarité. La division du travail a donc un effet moral qui aboutit à la cohésion sociale.
B. La solidarité selon Durkheim
Durkheim oppose deux types de sociétés et deux types de solidarité :
Pour Durkheim, la solidarité entre les individus est liée dans les sociétés modernes à la
division du travail. Par division du travail, il faut comprendre toutes les séparations liées
à la vie moderne : division sexuelle des tâches au sein de la famille, division du travail
dans les entreprises mais aussi dans la société dans son ensemble. Certains se spécialisent
dans des activités de recherche, d’autres dans le juridique… Tout individu est alors
différencié.
C. L’absence de solidarité, la rupture du lien social, l’anomie
Logiquement, la division du travail aboutit à la solidarité et au lien social entre les
individus. Mais selon Durkheim dans des cas exceptionnels donc rares les résultats sont
différents :
- Dans une période de crise économique, lorsque les faillites se traduisent par une monté
du chômage et provoquent la mise à l’écart d’une partie de la population, la solidarité ne
s’exerce plus (exclusion).
- Dans des périodes où la lutte des classes s’intensifie, lorsque le contact est rompu
entre capitalistes et salariés, les conflits se développent et la solidarité est rompue.
La division du travail ne produisant plus de solidarité entre ses membres, il y a état
d’anomie, rupture du lien social.
Avec le développement du capitalisme, la mécanisation et le système fordiste coupent
l’ouvrier de la production dans sa globalité. L’ouvrier ne sait plus pour qui il produit
(mondialisation de la production), ne connaît ni la conception du produit entier ni sa
finalité. Ce salarié cantonné à des tâches répétitives dont il ne voit pas l’intérêt final
est sujet à l’anomie. Un individu qui ne voit pas clairement les règles du jeu social, ou
lorsque ces règles ne sont pas appliquées, ne peut pas s’intégrer dans la société et est en
situation d’anomie.
D. Durkheim et Marx
Ce qui les rassemble est le même enchaînement : l’économique produit le social.
Pour Marx, les infrastructures (forces productives, rapport de production, mode de production)
déterminent les superstructures (l’idéologie véhiculée par le système politique, culturel, éducatif,
religieux…) qui contribuent à maintenir les infrastructures.
Ce qui les sépare :
- Pour Marx : les conséquences sociales de la division du travail sont négatives. C’est
l’exploitation des salariés, l’inégalité sociale, l’oppression.
- Pour Durkheim : la division du travail a normalement une conséquence positive : créer la solidarité,
le lien social. Les cas d’anomie sont exceptionnels et liés à la transition entre solidarité mécanique et
solidarité organique.
Cependant aujourd’hui, dans les sociétés développées la compétition et l’individualisme augmentent et les
cas d’anomie ne sont plus rares.
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