Changement social et conflit
1 Analyser le conflit social
1.1 Définir les conflits d'intérêt
Définir les conflits d’intérêts
Ils désignent les oppositions entre des individus ou des groupes qui s’affrontent pour
obtenir des ressources rares, des situations sociales ou des positions symboliques durables.
Le but est de faire céder l’adversaire conformément à ses désirs. Les conflits d’intérêts
stratégiques (comme le partage de la VA) conditionnent la nature des rapports sociaux et
remettent en cause la répartition des pouvoirs.
L'exemple des conflits sociaux
Les conflits sociaux sont des conflits d'intérêts de la sphère sociale et se manifestent par
des luttes collectives déclarées.
Ils diffèrent selon :
- leur intensité (de la pétition à la grève)
- leur caractère local ou général (de la grève d'un atelier à la grève européenne)
- leur degré (demande de participation au pouvoir ou volonté de faire disparaître un adversaire)
1.2 L'analyse des conflits
Pour Durkheim, le conflit manifeste une rupture du contrat moral et de la cohésion sociale.
Elle est analysée par ces théoriciens de l'intégration davantage comme une pathologie du corps
social que comme un vecteur de progrès et de changement social.
Pour Marx, la société est divisée en classes antagonistes (les capitalistes exploitent les
prolétaires) qui s'affrontent pour le contrôlent de l'appareil d'Etat et de celui de la vie
politique et sociale. Le conflit est le moteur de l'histoire qui a un sens : l'avènement du
socialisme et la disparition des classes sociales.
1.3 Changement social et conflits
Cette relation est double :
le changement social est source de conflits :
Le changement social sous différentes formes entraîne des conflits sociaux.
Pression sociale |
Exigence du consommateur d'être servi 24h/24 |
Opposition des salariés qui veulent le repos dominical |
Changement technique |
Banque à domicile |
Remise en cause des postes de travail |
Changement des mœurs et des logiques sociales |
Essor de l'individualisme |
Remise en cause de la vision traditionnelle de la famille et des pouvoirs dans l'entreprise |
Changement social |
Exemple du changement |
Conflits |
Les conflits à leur tour sont source de changement social
Les luttes et revendications des groupes sociaux ont débouché sur des modifications de l'espace social.
Conflits sociaux |
Obtention de nouveaux droits (congés payés) |
Apparition de la civilisation des " loisirs " |
Luttes féminines |
Libre accès aux études et à l'emploi |
Modification du rôle des femmes |
Types de conflits |
Acquis sociaux |
Changement social |
2 Travail et conflits
2.1 Mutations de l'emploi et conflits
La mondialisation à la source des conflits du travail
Nous avons vu que le travail se modifie sous l'impact de la mondialisation qui donne aux entreprises
la possibilité de profiter des conditions de production plus attractives à l'étranger (coûts salariaux,
réglementations plus clémentes) La compétition économique et l'exigence de la recherche des gains de
productivité modifient l'appareil productif et détruit l'emploi (restructurations et délocalisations
d'emplois).
Les syndicats : force d'opposition et de négociation
Face à ses modifications imposées par les comités de direction, les travailleurs s'organisent autour
de syndicats pour défendre leurs intérêts communs (économiques industriels, commerciaux et agricoles).
Ils répondent à différentes logiques :
- le syndicalisme de contrôle vise à l'amélioration des conditions de vie et de travail
des salariés et ne veut pas empiéter sur le pouvoir patronal.
- le syndicalisme révolutionnaire dit aussi de " lutte des classes " qui veut jeter les
bases d'un nouveau système économique et social tout en luttant pour l'amélioration des conditions de travail
et de vie (hausse des salaires…) (ex : CGT)
- le syndicalisme dit de gestion ou à l'allemande qui veut une cogestion et un partage des
responsabilités avec les actionnaires et managers.
2.2 Classe sociale et conflits
Les classes sociales sont des groupes sociaux de grande dimension nés de la division sociale du travail,
des inégalités de conditions d'existence et des relations de pouvoir. Ils ont une existence de fait et non
de droit.
Luttes des classes sociales
L'approche marxiste part d'une vision matérialiste de l'Histoire, fruit de luttes de
classes permanentes : opposition entre maîtres et esclaves (esclavagisme), puis entre
seigneurs et bourgeois (mode de production féodal), puis entre capitalistes et prolétaires
(capitalisme). Enfin doit surgir le mode de production socialiste qui prépare l'avènement
de la société sans classe avec le communisme.
Tout mode de production repose sur des forces productives (matérielles et humaines) et des
rapports de production (de pouvoir, de propriété et de répartition) qui organisent la société
et les rapports entre les classes sociales. Pour Marx, les classes sont définies par leur
position au sein des rapports de production. Dans le capitalisme, ces rapports sont antagonistes
car la classe bourgeoise vit de l'exploitation de la classe ouvrière, le prolétariat, qui crée
la valeur mais se voit extorquer la plus-value.
Les visions non-marxistes des classes sociales
Weber appelle classe sociale l'ensemble des situations de classe à l'intérieur desquelles un
changement est aisément possible et se produit de manière typique, pour une personne donnée, dans
la succession des générations. Son approche est dite constructiviste car l'évolution des sociétés
se fait par l'intervention des acteurs eux-mêmes et non de façon mécanique et structurelle.
Pour la sociologie américaine (Warner), les classes sont définies par les gens eux-mêmes qui
s'accordent à ranger les membres de la collectivité dans des positions socialement supérieures
ou inférieures. Les classes ne sont pas antagonistes mais hiérarchisées.
2.3 Régulation des conflits
La régulation des conflits signifie que des procédures de négociation, des conventions collectives
et des lois permettent aux conflits de passer par des phases négociées (ex : loi Auroux).
3 Agir collectivement
3.1 L'action collective
L'action collective est une forme de lutte sociale ; un groupe de membres solidaires s'organise
pour mener une lutte de façon consciente et active pour défendre des objectifs et des intérêts
communs (ex : une culture régionale s'oppose à une culture nationale).
Olson propose une analyse individualiste et rationnelle de l'échec de l'action collective. Il
considère que certains acteurs égoïstes peuvent juger plus utile de ne pas prendre part à une action :
en laissant les autres agir (grève), ils peuvent obtenir les avantages sans en subir les coûts. Il
existe donc des " passagers clandestins " de l'action sociale (ou free rider) qui profitent de
l'effort collectif sans pour autant y participer.
Un groupe de pression rassemble des membres organisés afin de défendre les intérêts matériels,
moraux ou culturels en tentant d'obtenir des pouvoirs publics qu'ils prennent des décisions conformes
à leurs buts et orientations. Ils ne revendiquent pas directement le pouvoir mais cherche à
l'influencer. (ex : lobby des agriculteurs en matière de politique agricole européenne).
3.2 Les nouvelles formes de l'action collective
Les mouvements sociaux dépassent les classes sociales traditionnelles et désignent des
regroupements d'individus qui tentent de modifier les règles sociales, les comportements ou
le fonctionnement d'institutions. Ils se caractérisent par une remise en cause du pouvoir et
des valeurs d'une société qu'ils veulent réorienter selon leurs vues.
3.3 Les mouvements sociaux
Les nouveaux conflits sont souvent micro-sociaux, ils traduisent des problèmes spécifiques qui ne
peuvent être interprétés comme antagonisme de classes : malaise des banlieues, nouveaux pères
revendiquant la garde des enfants, épanouissement des vies professionnelles et familiales pour
les femmes…
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