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La France des années 30

À partir de 1930, la France affronte la crise économique et sociale. S’ensuit une grave crise politique qui semble menacer les fondements mêmes de la IIIe République.

Définitions

Président du conseil : Premier ministre.

CGT : Confédération Générale du Travail : principal syndicat ouvrier, créé en 1895.

Antisémitisme : Attitude raciste de discrimination envers les Juifs.

Personnage clé

Léon Blum (1872-1950) : à la tête de la SFIO – Section Française de l’Internationale Ouvrière – depuis 1920, il devient, de 1936 à 1938, le premier chef de gouvernement socialiste en France. Juif, il sera arrêté par le régime de Vichy en 1940, puis jugé et déporté en Allemagne. Après la guerre, son influence morale reste grande.

De 1934 à 1936 : de la République menacée au Front populaire

  • 6 février 1934 : Manifestation des ligues d’extrême droite à Paris.
  • 12 février 1934 : Grève générale organisée par la gauche.
  • Juillet 1935 : Manifestation de la gauche unie à Paris :
    • communistes (Maurice Thorez)
    • socialistes (Léon Blum)
    • radicaux (Edouard Daladier)
  • Avril-mai 1936 : Victoire électorale du Front populaire.
  • 7 juin 1936 : Accords Matignon.
  • 20 juin 1936 : Congés payés.
  • 21 juin 1936 : Loi des 40 heures.

1. De la dépression économique à la crise politique (1930-1934)

A. Une crise démographique et économique

La France connaît depuis la Première Guerre mondiale, une crise démographique caractérisée par une forte chute de la natalité. Peuplée de 41 millions d’habitants en 1931, elle doit faire appel à des travailleurs étrangers devenus indispensables à l’activité économique du pays.

La crise économique frappe la France plus tardivement que le reste de l’Europe. Elle y est moins forte mais plus durable.

À la fin de 1930, les productions industrielle et agricole s’effondrent. Le chômage s’installe. Il touche surtout les salariés du secteur privé, les petits patrons, les petits commerçants, les agriculteurs. En 1933, on compte 300 000 chômeurs, et 500 000 en 1935.

B. De la crise sociale à la crise politique

Les différents gouvernements français hésitent à intervenir dans l’économie. Ils prennent cependant quelques mesures : baisse des prix, mais aussi des salaires ce qui mécontente la population.

L’inefficacité de ces décisions, ainsi que l’instabilité ministérielle, renforcent l’impopularité du Parlement, dont dépend la nomination des ministres.

L’antiparlementarisme se développe, soutenu par des ligues d’extrême droite comme les « Croix de Feu » ou les « Jeunesses patriotes ».

C. La montée de l’extrême droite : le 6 février 1934

Au début de l’année 1934 éclate l’affaire Stavisky, du nom d’un escroc mort dans des circonstances mystérieuses après avoir obtenu des appuis d’hommes politiques corrompus.

Le 6 février 1934, une grande manifestation organisée par les ligues devant la Chambre des députés tourne à l’émeute sanglante. Cette crise alourdit le climat général et accroît le mécontentement contre le Parlement. La gauche dénonce une tentative de coup d’état et réplique par une grève générale le 12 février.

2. Le sursaut de la démocratie (1935-1938)

A. Le Front populaire, rassemblement contre le danger fasciste

La crainte du fascisme réunit les forces de gauche qui veulent sauver la République. En juillet 1935, une manifestation du « Rassemblement populaire » montre l’union des partis de gauche contre le danger fascisant : les communistes, dirigés par Maurice Thorez, les socialistes avec Léon Blum et les radicaux avec Édouard Daladier.

Ce Front populaire, qui propose dans son programme de 1936 « le pain, la paix et la liberté », gagne les élections législatives en avril-mai 1936.

Nommé président du Conseil, le socialiste Léon Blum forme un gouvernement d’union de la gauche soutenu par les communistes qui refusent néanmoins d’y participer.

B. Les premières mesures du Front populaire

Le succès du Front populaire entraîne un important mouvement social marqué par de grandes grèves.

Le gouvernement Blum organise des négociations entre le patronat et les syndicats, qui aboutissent aux accords Matignon. Ceux-ci prévoient la signature de conventions collectives entre employeurs et salariés, une hausse des salaires et la liberté syndicale. Deux autres lois sont votées : la semaine de 40 heures et quinze jours de congés payés. On y associe des mesures pour développer les loisirs populaires.

C. La pause dans les réformes et la fin du Front populaire

Les difficultés économiques persistent, le chômage ne s’atténue pas. Le bénéfice, tiré des hausses de salaires, se trouve annulé par la hausse des prix. Les grèves reprennent tandis que les capitaux fuient à l’étranger. En octobre 1936, la dévaluation est inévitable.

De plus, les communistes reprochent au gouvernement de ne pas soutenir les républicains espagnols engagés dans une guerre civile contre des nationalistes d’extrême droite.

Le Front populaire se disloque. Victime d’attaques antisémites, Léon Blum annonce une « pause » dans les réformes en mars 1937 avant de démissionner en 1938.

3. La France à la veille de la Seconde Guerre mondiale (1938-1939)

A. La situation économique et sociale

La crise économique persiste jusqu’en 1938. Le patronat met de la mauvaise volonté à appliquer des mesures sociales du Front populaire comme la semaine de 40 heures. La grève organisée par la CGT – Confédération générale du travail – en novembre 1938 est contrecarrée par les pouvoirs publics. La reprise de 1939 vient surtout de l’effort d’armement en vue de la guerre.

De plus, le vieillissement de la population française inquiète le gouvernement qui prend des mesures natalistes dans le « Code de la Famille » de 1939.

Même si la France, à la tête du second empire colonial du monde, fait encore figure de grande puissance, elle semble aussi relativement affaiblie.

B. La France face au risque de guerre

Les problèmes européens intensifient les tensions intérieures. Devant les agressions répétées d’Hitler, l’opinion publique française, traumatisée par la Première Guerre mondiale, est profondément pacifiste.

En septembre 1938, le gouvernement Daladier signe les accords de Munich. Les Français, majoritairement « munichois », sont satisfaits de cette « politique d’apaisement » qui préserve la paix, tandis qu’une minorité d’« antimunichois » proteste.

Les chefs militaires français choisissent, devant le risque de guerre, une stratégie défensive. Ils font construire, dans l’est du pays, les fortifications de la ligne Maginot permettant d’attendre l’attaque de l’adversaire sans prendre l’initiative du combat.

Malgré la crise économique et sociale, le Front populaire a sauvegardé les institutions de la iiie République tout en prenant d’importantes mesures sociales. Mais la France de 1939, vieillie et résolument pacifiste, semble mal préparée à affronter un second conflit mondial.

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