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Fiche Bréal : Le bilan de la première guerre mondiale

L’idée essentielle

Véritable catastrophe démographique, la Première Guerre mondiale a provoqué d’importants bouleversements économiques et sociaux. L’Europe, en plein déclin, se trouve profondément transformée par des traités de paix imposés par les vainqueurs – États-Unis, France, Royaume-Uni – et très vite contestés par les vaincus, notamment l’Allemagne. Des mouvements révolutionnaires éclatent dans de nombreux pays.

Définitions

Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : Droit des nations à se constituer chacune en un gouvernement et un État autonomes. Ce droit est défendu par le président américain Wilson dans ses « Quatorze Points » pour organiser la paix.

  • Inflation : Situation de hausse des prix.
  • Créancier : Personne ou pays qui prête de l’argent.

Le bilan de la « Grande Guerre » est désastreux pour l’Europe qui a été le principal théâtre des opérations militaires.

1. Un bilan très lourd pour l’Europe

A. Un choc démographique

La durée et la dureté de cette guerre aboutissent à un bilan démographique catastrophique : près de 10 millions de tués, 6,5 millions d’invalides. S’y ajoute une forte diminution des naissances.

À plus long terme, la surmortalité et la dénatalité causées par la guerre sont responsables des « classes creuses » de la fin des années 30.

B. Les problèmes économiques et sociaux

Les destructions matérielles concernent surtout les zones de front, où toute l’activité économique se trouve paralysée.

L’endettement considérable des pays européens, causé par le coût énorme de la guerre, gêne la reconstruction. L’inflation qui s’installe de façon durable appauvrit ceux qui ont des revenus fixes comme les salariés.

La guerre a bouleversé les sociétés. Le rôle des femmes, qui ont connu de nouvelles responsabilités durant le conflit, change. Elles obtiennent le droit de vote en Allemagne et au Royaume-Uni.

Une véritable crise morale apparaît, causée par le traumatisme de la guerre d’une part, et l’humiliation infligée aux vaincus, d’autre part. Les mouvements pacifistes ressurgissent.

C. Le déclin de l’Europe

La Première Guerre mondiale marque un certain repli de l’Europe au profit des pays neufs : le Japon, et surtout les États-Unis qui ont profité de la guerre pour conquérir des marchés et devenir les créanciers de l’Europe.

De plus, les métropoles sont confrontées à l’apparition de mouvements d’indépendance dans les colonies qui les ont aidées pendant la guerre.

2. Les traités de paix : la « Der des Ders » ?

A. Principes et participants

Les traités de paix sont imposés par les vainqueurs. Les vaincus ne sont pas consultés. Des désirs différents se manifestent : la France veut affaiblir l’Allemagne, ce que refuse le Royaume-Uni. Le président des États-Unis, Wilson, tient à appliquer son programme en 14 points. Il veut faire respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en Europe. Il joue le rôle d’arbitre dans les débats.

B. Le nouveau visage de l’Europe

L’Europe sort des traités de paix complètement transformée.

Les empires – Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire Ottoman – sont les grands perdants : ils disparaissent et leur ancien territoire est divisé pour former de nouveaux États : la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie.

Les frontières russes ont reculé vers l’Est : les États Baltes et une partie de la Pologne sont créés sur ces terres perdues par la Russie.

Le territoire allemand, fortement diminué, est séparé en deux par une terre polonaise, le corridor de Dantzig.

C. Les obstacles à une paix durable

Certaines mesures prises en 1919 fragilisent la paix.

Signé le 28 juin 1919, le traité de Versailles humilie l’Allemagne. Elle perd 1/7e de son territoire – dont l’Alsace-Lorraine récupérée par la France – et ses colonies. Sa puissance militaire disparaît : sans aviation ni flotte, son armée est réduite à 100 000 hommes. La Rhénanie, région voisine de la France, est démilitarisée. Toute annexion de l’Autriche par l’Allemagne (« Anschluss ») est interdite. Reconnue seule responsable de la guerre, elle doit payer de fortes réparations. Surnommé par les Allemands le « Diktat », ce traité nourrit chez ceux-ci de vifs sentiments de revanche.

Créée en 1920 pour assurer le maintien de la paix, la Société des nations – la SDN – ne dispose d’aucune force armée. Les États-Unis n’en font pas partie. Elle aura donc du mal à imposer ses décisions.

3. Révolutions et agitation sociale

A. Révolutions russes : succès et difficultés

Au début de 1917, la situation de la Russie devient intenable : aux défaites militaires s’ajoutent les difficultés d’approvisionnement des populations civiles. Les manifestations se multiplient et débouchent sur une insurrection sanglante le 27 février 1917 à Petrograd, la capitale. Privé du soutien de l’armée, le tsar Nicolas II est obligé d’abdiquer.

Le gouvernement provisoire, formé de bourgeois et de nobles modérés, poursuit la guerre à la grande déception des Russes.

Les bolcheviks, menés par Lénine revenu d’exil, préparent alors une nouvelle révolution. Les 24 et 25 octobre 1917, ils occupent tous les points stratégiques de la capitale et s’emparent du pouvoir. Présidé par Lénine, le Conseil des Commissaires du peuple prend deux décrets : l’abolition de la grande propriété et la paix. Il institue une police politique qui traque les opposants, la Tchéka.

Le nouveau gouvernement se heurte à la guerre civile qui va durer jusqu’en 1920. Pour contrer ses opposants, le parti bolchevik instaure le communisme de guerre, qui place toute l’économie du pays sous le contrôle de l’État. L’armée Rouge, organisée par Trotski, réquisitionne les récoltes. Elle arrive à repousser les armées blanches formées de nobles fidèles au Tsar et appuyées par des troupes venues de l’étranger.

Malgré ce succès, la Russie, devenue URSS – Union des républiques socialistes soviétiques – en 1922, sort épuisée par huit années de conflit mondial, de révolution et de guerre civile.

B. L’échec des mouvements révolutionnaires en Europe

En Allemagne, où la république a été proclamée le 9 novembre 1918, les communistes ou « Spartakistes » tentent de prendre le pouvoir ; leur mouvement est durement réprimé.

En France, de nombreuses grèves éclatent.

En Italie, l’agitation sociale gagne les villes et les campagnes ; par réaction, elle contribue à l’installation de la dictature de Mussolini.

L’ampleur des transformations territoriales, politiques, économiques et sociales, provoquées par la Première Guerre mondiale, a fait de ce conflit un tournant entre le xixe et le xxe siècles. Malgré la volonté affichée de garantir une paix durable, les traités de paix contiennent en partie les germes de la Seconde Guerre mondiale. La Société des nations, impuissante devant la montée des tensions, se révèlera inefficace à garantir la sécurité collective. Le déclin de l’Europe s’accentue face aux revendications des colonies et face à l’affirmation de la puissance des États-Unis.

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